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 Sire,
La gravité des évènemens (sic!) qui se sont passés dans les deux jours qui ont suivi l’expédition de mes derniers rapports me fait un de­ voir de soumettre à Votre Majesté un résumé de mes plus récentes né­ gociations avec le Principal Secrétaire d’Etat.
La presse anglaise a reproduit avant hier les premières nouvelles circonstanciées sur la mission à Vienne de l'Aide de camp Général Comte Soumarocoff. Ces renseignemens (sic!) provenaient de Berlin, de Vienne et de Paris, et l’émotion qu’ils ont causée en Angleterre a été d’autant plus grande, qu’ils étaient erronés, exagérés et de nature à éveiller la méfiance si prompte de l’Angleterre à notre égard. On disait que la Russie cherchait à donner une extension plus grande aux conditions de paix déjà acceptées par elle. Elle visait à créer une Servie indépendante sous le contrôle de Généraux russes (?) et un groupe d’Etat Slaves jouissant d’une autonomie complète. La Russie proposait des mesures militaires pour atteindre ce but. Elle se démasquait enfin et cherchait prétexte à guerre.
J’ai pensé, Sire, qu’il ne fallait pas laisser subsister cette première et fausse impression, et j’adressai à Mr le Chancelier de l'Empire un té­ légramme pour l’engager, si cela était possible, d’éclairer l’opinion pub­ lique de l’Europe sur les vraies intentions de Votre Majesté. Je tâchais en même tems (sic!) de les rectifier à Londres.
Le malaise de cette journée était augmenté par des rumeurs de bourse, prédisant un refus de la Turquie aux conditions de paix. Elles ne tardèrent pas à se justifier et lorsque je vis hier le Principal Secré­ taire d’Etat, ce refus était devenu un fait officiellement confirmé.
Lord Derby a donc été induit en erreur, une fois de plus, par ['Am­ bassadeur Britannique à Constantinople qui lui faisait pressentir l’ac­ ceptation de la Turquie. Sir Henry Elliot est resté fidèle à lui même en abusant cette fois son Gouvernement comme il l'a fait précédemment en niant l’existence d’une insurrection en Herzégovine, et, dans la suite, les massacres en Bulgarie.
Je trouvai le Principal Secrétaire d’Etat très préoccupé et s’étant déjà concerté avec plusieurs de ses collègues arrivés à Londres pour le Conseil d'aujourd'hui.
L'impression que je retirai d'un entretien avec le Comte Derby fut très mauvaise, car il ne me laissait pas de doute sur le rejet, plus ou moins accentué, des propositions de Votre Majesté faites en vue du refus de la Porte.
Lord Derby commença l’entretien par me demander pourquoi nous projettions (sic!) une occupation de la Bulgarie. Elle pourrait nous mettre en contact avec l’armée turque qui s’y trouve, tandis qu’il n’y avait pas d’insurrection en Bulgarie et qu’il suffisait pour atteindre le but que nous proposons que la Bosnie ou la Servie (sic!:) soit occupée par les forces Autrichiennes.
Je demandais tout d’abord à mon interlocuteur si le mot de »Serbie« était un lapsus linguae de sa part, les propositions de Votre Majesté tendant à imposer les conditions de paix à la Turquie et non à la Serbie qui n’avait donné jusqu’ici aucun indice de son mauvais vouloir — une occupation de la Serbie ne pouvait trouver de la place dans le programme
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