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Monsieur le Chancelier,
Dans la réunion que les Représentants des Puissances Garantes ont tenu (sic!) Vendredi dernier à l’Ambassade d’Angleterre Sir Henry Elliot nous a fait part des instructions télégraphiques qu’il venait de recevoir et qui contenaint les conditions de la paix. Ayant parcouru sommairement cette pièce j’y constatai déjà une différence notable avec les proposi tions de Lord Derby que Votre Altesse a bien voulu me communiquer par son télégramme du 5 courant et surtout avec celles qui ont fait l’objet de sa dépêche télégraphique du 1er. A part l’absence de toute mention d’un agrandissement territorial pour le Monténégro, la pièce Anglaise atténué la valeur du terme »autonomie« en y ajoutant le mot de »système«, et en donne une explication vague qui semble réduire la valeur de l’idée primitive. Pour la Bulgarie il n’est question que des »garanties« contre la mauvaise administration ... (?) (le mot est resté indéchiffrable dans la dépêche de Londres) et encore les détails de ces garanties peuvent ils être discutés ultérieurement. Le télégramme de Votre Altesse de Samedi matin est venu confirmer mes doutes et j’ai cherché à les éclaircir le jour même en prenant chez Sir Henry note des principaux passages de ses instructions dont j’ai cru devoir faire l’objet de mon second télégramme d’hier.
Cependant les Représentants de l'Allemagne, de l’Autriche-Hongrie, de la France et d l’Italie avaient reçu l’ordre d’appuyer la communica tion dont était chargé Sir Henry Elliot. Ce dernier pressé de Londres, comptait la faire aujourd’hui et ses collègues ont voulu s’y associer le jour même, en m’invitant à en faire autant, puisqu’ils étaient informés que le Cabinet Impérial avait également approuvé les bases de la paix proposées par Lord Derby. Ayant en vue l’ordre contenu dans le télé gramme de Votre Altesse mentionné plus haut, je pris leur proposition ad referendum en me retranchant derrière la divergence que je leur avais déjà signalée, entre les premières propositions du Cabinet de Lon dres et celles qu’il avait transmises à son Ambassadeur à Constantinople.
Il fut décidé en conséquence que Sir Henry qui se refusait absolument ajourner sa démarche, la ferait seul Lundi, et que les autres Représen tants qui n’étaient chargés que de l’appuyer, s’en acquitteraient tous successivement Mardi à 2 heures. Rentré chez moi je reçus hier soir la dépêche (sic!) de Votre Altesse du même jour (5 h 45) qui m’autorisait à me joindre à mes Collègues. Mais il était trop tard pour établir jusqu’à ce matin un nouvel accord entre les Représentants dispersés sur le Bo sphore. Il me paraissait d’ailleurs qu’il n’y avait pas d’inconvénient à ce que les Turcs reçussent la communication Anglaise vingt quatre heures avant celles des autres Cabinets et eussent le temps de se familiariser avec les demandes y contenues avant de subir la pression des cinq autres Puissances. Je ne croyais également pas inutile que Votre Altesse fût mise à même de se prononcer, si elle le jugeait nécessaire, sur la der nière communication Turque au sujet de l’armistice, ainsi que sur les termes des instructions Anglaises, qui pouvaient ne pas lui être exacte ment connus dans la forme sous laquelle elles allaient être présentées à la Sublime Porte.
АИПР, K.-31. Nelidow 568