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des hostilités existait ainsi — déjà de fait, il ne s’agissait plus que d’ar rêter le mouvement des troupes Serbo-Monténégrines et de procéder sans perte de temps à l’examen des conditions de la paix.
Je répliquai à Sir Henry que je ne pouvais partager sa confiance dans la situation. Les Puissances et l’Angleterre également, avaient de mandé à la Porte, un armistice pur et simple, sans aucune condition, se réservant de s'entendre entre elles sur ces dernières. La déclaration verbale de la Porte, suivant de près une longue pièce écrite, qui avait été soigneussement élaborée, ne pouvant, à mon avis, invalider l’effet de la première et devrait au moins, pour avoir quelque valeur être revê tue d’une forme officielle. Et d’ailleurs il s’était agi tout le temps d’un armistice en règle, avec ligne de démarcation et terme plus on moins prolongé, pour donner aux Puissances le loisir de discuter entre elles les décisions qu’elles comptaient prendre à l’égard de la Turquie.
L'Ambassadeur me répliqua que dans ses instructions il n’avait jamais été question de ligne de démarcation et qu’il n’y rencontrait que le désir d’une »suspension des hostilités« laquelle venait d’être obtenue.
J’ai cru devoir porter cette démarche insolite du Gouvernement Ottoman à la connaissance de Votre Altesse par mon respectueux télé gramme de Vendredi. Elle ne pouvait, en effet, avoir aucune valeur pour moli, ne m’ayant pas été adressée et portant, dans les récits que j’en avais entendu, plusieurs nuances notables. J’ai voulu m’en expliquer aujourd’hui moi-même avec Safvet Pacha lorsque le Premier Drogman de l’Ambassade reçut de lui ce matin un télégramme l’invitant à se rendre dans sa maison de campagne. Le rapport ci-joint de M. Onou rend compte de cette entrevue et de la communication qui lui a été faite par le Mi nistre des Affaires Etrangères. Elle a formé l'objet de mon respectueux télégramme de ce jour.
Mais là ne se bornèrent pas les ouvertures Ottomanes. A peine arrivé trois heures plus tard à la Porte le Premier Drogman se vit de nouveau appelé chez Safvet Pacha, mais cette fois il y trouva réunis tous ses collègues des Grandes Puissances et le Ministre leur confirma en l’accentuant, la déclaration qu'il avait faite le matin à M. Onou. Il j avait un pas de plus de fait, on fixait un terme de dix jours pour les négociations. Les details de cette scène se trouvent consignés dans un second rapport de M. Onou, que je crois également devoir placer sous les yeux de Votre Altesse.
Mais sur ces entrefaites, le Comte Zichy qui avait reçu l'ordre de faire une démarche énergique auprès de la Porte en faveur de la de mande des Puissances, s’en acquitait auprès du Grand Vezir et de Mid- hat Pacha. Le Cabinet de Vienne avait notamment prescrit à Son Ambas sadeur de ne rien négliger pour obtenir de la Porte l’adhésion à l'armi stice auquel le Gouvernement Russe paraissait attacher une importance particulière, tandis que la Porte le déclinait. Pour répondre à ces ordres, le Comte Zichy avait commencé par s’adresser aux chefs du pouvoir et rapporta ensuite à Safvet Pacha leur consentement à ce qu’une com munication écrite fût faite aux représentants, des ordres qui venaient d’être expédiés aux commandants des troupes. Après maintes hésitations et pourparlers nouveaux avec le Grand Vezir on accorda à ГAmbassa deur l’autorisation de prendre note lui-même par écrit de la déclaration du Ministre des Affaires Etrangères. Cette pièce, écrite par le Premier
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