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 Le Duc Decazes prit note par écrit de ce langage en disant qu’il espérait y trouver les élémens (sic!) d’une instruction adressée à Mr de Bourgoing et qu’il fallait y réfléchir.
En rentrant je trouvai le 2nd télégramme du Chancelier de l’Empire en date du 3./15. Septembre 5 hs du soir.
Je me suis rendu ce matin au Ministère des Affaires Etrangères pour le communiquer à Mr le Duc Decazes.
Le Ministre était sorti pour se rendre à l’Elysée chez le Maréchal. Je priai son Chef de СаЬ‘ de lui faire parvenir sans retard la teneur de ce télégramme.
L’Ambassadeur d’Allemagne que je vis dans la journée m’ayant interrogé sur les dispositions du Duc Decazes quant à l’attitude résolue suggérée par la Russie, je ne crus pas devoir lui cacher que le Ministre s’était montré prêt à tenir à l’Angleterre le même langage que nous.
Le Prince de Hohenlohe me dit qu’il s’empresserait de transmettre cette information à Berlin car, selon lui, il serait important que la Rus­ sie, la France et l’Italie tinssent le même langage à Londres, afin de réagir sur l’attitude de l’Angleterre.
M’étant rendu ce soir chez le Duc Decazes pour apprendre les décisions qu’il avait prises, je le trouvai presque entièrement revenu de la première impression violente que lui avait produite la réponse de la Turquie. Il me dit cependant avoir tenu un langage très ferme au Chargé d'Affaires de la Porte.
Il aurait relevé que l’ordre de rester sur la défensive loin d’atté­ nuer l’attitude prise par la Turquie, ne faisait que l’aggraver.
Si la Porte jugerait que la suspension des hostilités lui était pos­ sible voir (sic!) même nécessaire, — il était d’autant plus impertinent de refuser à l’Europe la satisfaction qu’elle exigeait unanimement.
J’interrogeai le Duc Decazes quant au language qu’il s’était pro­ posé de tenir à l’Angleterre.
Il me répondit que Lord Lyons, qu’il venait de voir, lui avait dé­ veloppé un point de vue tellement différent de celui auquel il s’était placé lui-même en recevant la réponse de la Porte que l’attitude de l’Angleterre lui semblait de plus en plus problématique.
L’Ambassadeur Britannique à Constantinople se serait borné, selon Lord Lyons, à informer son Gouv' que la Porte avait transmis aux Puis­ sances ses propositions quant aux bases de la paix et s’en remettait complètement à leur jugement; qu’elle avait donné l’ordre à son armée de suspendre les hostilités et qu’elle priait les Puissances de faire des démarches auprès de la Serbie et du Monténégro pour qu’ils fassent
de même.
A la suite de cette information qui ne mentionnait même pas en
détail les propositions de paix, — le Cab‘ Britanniüue envisageait l’armi­ stice comme étant établi de fait.
Vous voyez, me dit le Ministre, quelle différence essentielle il y a entre le point de départ de l’Angleterre et le nôtre.
L’Autriche et l’Italie ont donné l’ordre, ajouta-t-il, à leurs Repré- sentans (sic!) d’insister itérativement sur l’armistice formel et préa­ lable avant de prendre en considération les propositions de la Porte et je me vois pour le moment obligé à me borner à donner la même instruction.
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