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M’autorisait-il à télégraphier au Chancelier de l’Empire que le Gouv‘ Français était décidé d’aller jusqu’à la menace d’une rupture diplo matique pour amener la Porte à la raison?
Après avoir hésité qualques instants, le Duc me répondit qu’il ne pouvait pas encore s'engager jusque là.
»J’ai parlé«, me dit-il, »à Lord Lyons du rappel éventuel des Ambas sadeurs de Constantinople et il est resté jusqu’à présent impénétrable quant aux intentions de son Gouv' à ce sujet.
»M’autorisez-vous«, répondis-je, »à télégraphier dans ce sens au Prince Gortchacow que vous êtes prêt à vous associer à la menace d'une rupture dans le cas où l’Angleterre prendrait l’initiative?«
Le Duc Decazes hésita de nouveau et me dit qu’il avait des ap préhensions quant à l’attitude de l’Autriche.
»Je ne voudrais pas,« dit-il, »risquer de la laisser en tête à tête avec la Porte à Constantinople «
Je demandai au Duc Decazes s’il m’autorisait à télégraphier, en ajoutant la réserve qu’il venait de faire.
»Non, gardez cela pour vous«, répliqua-t-il vivement.
En conclusion de l’entretien, le Duc Decazes m’autorisa à faire savoir au Chancelier de l’Empire qu’il était disposé quant à lui à l’adop tion du modus agendi suggéré dans le télégramme que je venais de com muniquer et qu’il se déclarait prêt à tenir le même langage à l’Angleterre.
Je n’insistai pas davantage comprenant que le Ministre des Affaires Etrangères ne pouvait prendre aucune décision ultérieure sans avoir vu le Maréchal et avoir consulté ses collègues.
Le Duc Decazes m’avait fait l'effet d’un homme d’action dont les mains seraient liées et qui se sentirait réduit à l’impuissance.
»Tenez«, me dit-il, à la fin de l’entreten, »je suis sous la première impression de la réponse inqualifiable de la Porte et je craindrais de manquer de prudence si je prenais une résolution immédiate«.
Je me bornai, avant de prendre congé du Ministre à exposer net tement le modus agendi qui me semblait le plus propre à produire un effet décisif sur la Porte en marquant ostensiblement l’entente complète des Grandes Puissances et qui consisterait:
1) A établir une distinction catégorique et péremptoire entre deux choses: l’armistice et les propositions des bases de paix.
2) A faire sentir à la Porte qu’on n’ajoutait qu’une importance se condaire au second point attendu que la Turquie proposait et l’Europe disposerait.
3) A faire de l’armistice immédiat général préalable, en fait et en forme, une condition absolue du maintien des relations diplomatiques avec la Porte.
Sur ces derniers points (c. à d. l’armistice) nous restions inébran lables. Cette satisfaction était due à la dignité de l’Europe, à l’opinion en Angleterre, à l’opinion en Russie.
Quant aux propositions relatives aux bases de la paix, on pourrait aviser en temps et lieux.
L’armistice immédiat était le seul point qui pouvait réunir en un seul faisceau et sans retard les Gdes Puissances et l’opposer à l’attitude obstinée de la Porte.
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