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Mr le Ministre des Affaires Etrangères avait-il pris une décision à ce sujet?
Le Duc Decazes répliqua qu’il en était préoccupé et qu’il tenait à savoir ce que feraient les autres Puissances.
Je lui remis alors le télégramme du Chancelier de l’Empire.
»Lisez en attendant la réponse de la Porte«, me dit le Duc. A la fin de ce document il est encore question de l’armistice et c'est très im portant« .
Je lus les conditions de paix formulées par la Porte et que Votre Excellence connait.
En conclusion du résumé télégraphique de M‘ de Bourgoing il était dit que la Porte, en soumettant ces propositions aux Puissances s’en remettait entièrement à elles et que 24 hs après que les Puissances lui auraient fait connaître leur appréciation — l’armistice serait déclaré. Les chefs de corps auraient déjà reçu l'ordre de se tenir sur la défensive et la Porte priait les Grandes Puissances d’engager la Serbie et le Monté négro à en faire autant.
Je dis que la lecture de cette pièce ne changeait en rien ma manière de voir.
М' le Duc Decazes avait constaté lui-même la veille la différence essentielle entre la défensive et l'armistice en forme, en déclarant que l’Europe ne devait pas se contenter d’une demi-concession de la Porte sur ce point.
La Turquie spéculait évidemment sur la difficulté d’un prompt accord entre les Puissances quant aux appréciations des bases de la paix qu’elle leur avait soumise (sic!) et voulait remettre jusqu'à ce moment indéterminé l’accomplissement du voeu unanime de l’Europe.
C’était donc là une fin de non-recevoir très catégorique et je me permettai (sic!) de demander l’avis de Mr le Ministre des Affaires Etran gères quant au modus agendi que les Puissances devraient adopter en face de ce fait.
M. le Duc Decazes me répondit qu’il était disposé — sous le coup de la première impression — à adhérer au modus agendi suggéré dans le télégramme du Chancelier de l’Empire en ce qui concernait la menace éventuelle d’une rupture diplomatique.
»Je suis tout près« (sic!), me dit-il, »de tenir à l’Angleterre le même langage que la Russie sur ce point«.
»Quant à la menace du rappel éventuel de la flotte Anglaise de Be- sica, je ne crois pas«, ajouta le Duc Decazes, »que le Cab‘ Britannique puisse s’y résoudre après les explications qu’il a données en dernier lieu sur la présence de son escadre en Orient, explications tendant à démontrer qu'elle avait pour but la protection des Chrétiens et des nationaux«.
»Je serais d’ailleurs d'autant moins décidé à conseiller à l'Angleterre le rappel de sa flotte que je suis à me demander en ce moment si l’envoi d’une escadre française ne deviendrait pas opportun«.
Je répliquai au Ministre des Affaires Etrangères que les circonstan ces nécessitant une résolution prompte et décisive ainsi que des rensei gnements exacts et positifs — je le priais de me permettre de lui adres ser sans périphrases la question suivante:
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