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Mon Prince,
Le Prince Milan a dit à notre agent diplomatique que si les con jonctures amenaient une occupation autrichienne de la Bosnie et de l’Herzégovine, il se verrait placé dans la nécessité d’entrer en lice contre la Turquie.
Je relève en outre de la dépêche secrète de M. d’Oubril du 30. Décembre No 74 que parmi les moyens de pressions sur la Porte, ex posés dans le programme Andrâssy, le Chancelier allemand lui avait cité, — après la fermeture de Klek et l’abandon d’une entière liberté d’action aux Serbes et aux Monténégrins, — la faculté pour les Puis sances de convenir entre elles de l’occupation des pays insurgés si elle devenait nécessaire«.
Je conçois ±e langage du Prince de Serbie. Les correspondants du parti de la grande idée qui pullulent à Belgrade et dans les centres slaves environnants, propagent à dessein la rumeur des envahissements éventuels de l’Autriche afin de contraindre l’héritier des Obrénovitch par crainte ou émulation, à brusquer le dénouement.
Il ne manque pas non plus ici d'oiseaux de mauvaise (sic!) augure qui préconisent les occupations et la guerre. Mon collègue de Turquie m’a interpellé avec inquiétude sur les prétendues intentions belliqueuses de l’Autriche en me citant à l’appui des rumeurs recueillies dans le public, par exemple que les Chambres de commerce auraient été consultées sur les prix des approvisionnements de bouche nécessaires aux troupes pour entrer en campagne; que plusieurs régiments auraient reçu l’ordre de mobilisation et que le Ministre de la guerre s’occupait à dresser des cartes de la Bosnie et de l’Herzégovine.
Une partie de ces bruits pourrait être vraie et se rapporter au désir de l’Empereur François Joseph de renforcer le cordon militaire, mais il ne s’ensuivrait pas que le Gouvernement Impérial et Royal mé ditât une occupation du territoire insurgé.
Votre Altesse voudra bien se souvenir qu’à plusieurs reprises le C10 Andrâssy m’a assuré le contraire et j’ignore sur la foi de quelles données le P“ de Bismarck mentionne, parmi les points du programme autrichien, la possibilité d’une intervention armée.
Néanmoins, j’ai cru devoir m’orienter du nouveau et j’ai profité de mon récent entretien avec le Cte Andrâssy pour ramener incidemment la conversation sur ce point délicat.
»Je suis sûr, — me dit-il, que l’Empereur François-Joseph s’enten drait sans peine avec Votre Auguste Maître sur une occupation des pro vinces insurgées, mais les exécuteurs se brouilleraient entre eux et fini raient par jeter la discorde entre æs deux Etats«.
C’est exactement la reproduction de ce que j’ai déjà eu l’honneur de mander de sa part au Cabinet Impérial par mon rapport du 5./17. Novembre No 149.
АВПР, K-126.
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