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 alors des garanties contre de nouvelles agressions de la Principauté. Ces garanties consisteraient probablement dans la réinstallation des garni­ sons Ottomanes dans les forteresses, ou du moins dans celle de Bel­ grade. L’opinion publique turque ne consentirait pas à ce qu’on déposât les armes sans rien obtenir. C’est pourquoi les gens raisonnables dési­ rent secrètement que l’Europe vienne arrêter l’effusion du sang, mais on est unanime à ne vouloir admettre une médiation des Puissances qu’après quelques succès en Serbie qui compensassent les échecs subis en Herzégovine.
De ce côté, on semble être très inquiet pour le sort de Moukhtar Pacha et de son armée. Le Commandant en chef se trouve avec une par­ tie de ses troupes à Trebigne où il est bloqué par les Monténégrins, tan­ dis qu’un autre détachement Ottoman est entouré à Bilek. Des renforts ont été emvoyés en toute hâte de Novi-Bazar. On veut également entre­ prendre une expédition contre le Monténégro du côté de l’Albanie. Onze bataillons y ont été dirigés par Antivari. C’est un certain Mahmoud Pacha qu’on dit être un juif polonais du nom de Fraind qui prendra le Commandement des forces Ottomanes réunies à Scutari. On espère que le mouvement offensif qu’elles vont tenter contre le Monténégro obligera le Prince Nicolas à évacuer l’Herzégovine ou au moins à lâcher Moukhtar Pacha qui serait, dit-on, sur le point de capituler ou de passer en Autriche, faute des vivres. Ahmed Hamdi Pacha qui n’a eu que des échecs dans ses attaques multiples contre l’armée de Bojidar Petrovitch a été destitué et c’est Abdi Pacha qui a été nommé Gouverneur Général de Scutari.
On comprend que dans ces conditions et en vue des complications intérieures qui usent la Turquie, ses amis cherchent à provoquer, dans un moment favorable pour elle, une intervention Européenne aboutis­ sant au réglement partiel de la question d’Orient au moyen d’un coreli- grès. Une pareille solution peut-elle être avantageuse pour nos coreli­ gionnaires? Evidemment s'ils subissent des revers et que l’existence de la Serbie soit menacée, une intervention bienfaisante de l’Europe pourrait la sauver et la replacer dans le status quo ante auquel a adhéré, pour ce cas, même Lord Derby dans un de ses entretiens avec l’Ambas- sadeur de l’Empereur à Londres. Mais tant que les chances de la guerre ne penchent qu’apparemment du côté des Turcs et que leur marche im­ prudente dans l’intérieur de la Serbie peut encore conduire à une défaite complète de leur armée, malgré les succès partiels que cette dernière pourrait remporter, — il ne serait point généreux de priver les Chré­ tiens des bénéfices que peut leur apporter le temps et la prolongation de la lutte. Avec la disposition qui se fait de plus en plus jour en Russie de venir en aide à nos frères de race par la voie de la bienfaisance pri­ vée, les ressources de la Serbie peuvent ne point s’épuiser de sitôt et dépasser même en durée celles des Turcs. Toutefois, il y a pour le mo­ ment des nécessités cuisantes qui peuvent devenir gênantes (sic!) pour l’action des Serbes. En première ligne se trouve le plomb, confisqué
en Roumanie et que quelques membres du Ministère libéral s'obstinent à ne point vouloir laisser passer en Serbie. Peut-être l’arrivée à la pré­ sidence de Bratiano qui s’est toujours montré favorable aux Slaves et à l’émancipation des Chrétiens, facilitera-t-elle l'arrangement de cette affaire.
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