Page 451 - index
P. 451

 des bataillons de Mouhtar traversaient alors, à quelque pas de lui, les défilés et les ravins d’un pays plus qu’accidenté. Jeudi quand Mouhtar s’approchait de Bilek le Prince m’envoyait un télégramme de Korito pour m’informer que le général turc était encore à Newessigné, que son intention probable devait être de marcher par Gatzko vers Douga et qu'il a l’intention de se transporter sur Krstac pour barrer à Mouhtar le passage vers Nikchié.
La joie turque fut trop indiscrète, et ayant aussi d’autres moyens d’informations, je connaisait (sic!) la vérité. J’ai compris que le Prince se compromettait et pouvait se trouver d'un moment à l’autre dans une position critique non pas autant à cause du véritable danger, puisque ses forces étaient considérables, qu’à cause de l’absence de précautions unie à beaucoup d’assurance nonchalante. J’ai su aussi que la démoralisation commençait à gagner les monténégrins qui se plaignaient déjà hautement de l’incapacité du Prince qui pendant vingt cinq jours de guerre offen­ sive n’a pas permis à son armée de tirer un coup de fusil et qui après une marche composée de parades et de revues battait en retraite avec une aveugle précipatation.
De l’autre côté on m’a dévoilé le projet de Mouhtar d’aller sur- Grahovo si les Monténégrins se trouvaient assez loin de Bilek pour l’empêcher de faire cette pointe.
J’en ai été alarmé por la securité de nos hôpitaux de la croix rouge à Grahovo et je me suis décidé de communiquer à Votre Altese mes appréhensions aussi que de télégraphier à Mr Panutine en lui conseillant de se tenir sus (sic!) ses gardes.
Mais la fatalité a voulu que les choses allassent autrement. Tout en m’annonçant jeudi matin qu’il se mettait en marche vers Krstoc (sic!) et Douga, le Prince resta à Korito jusqu’à jeudi soir. Avait-il appris subi­ tement que Mouhtar arrivait alors à Bilek, ce qui menaçait le Monté­ négro même, ou bien s’était il (sic!) attardé à Korito sans un but précis, il est ordinairement lent dans ses mouvements, mais le fait est que jeudi 15/27 il restait encore sur place ce qui l’a... (nedostaje završetak re- èenice)
Mouhtar, en apprenant aussi à son tour qu’une force monténégrine se trouvait immédiatement sur ses derrières, n’a pas pu poursuivre sa marche sur Grahovo, il lui fallait tout d’abord se débarasser de cet ennemi qui pouvait le talonner. Il croyait cependant que les monténé­ grins qu’il avait remarqué sur les hauteurs de Vrbitza à Voutchido n’étaient que quelques bataillons appartenant au corps de Peko Pavlow qui venait justement d’être rappelé de Klek par le Prince, ce que Mouh­ tar savait aussi. C'est ainsi au moins que Mouhtar transmettait ses impressions par le canal du consul général de Turquie à Raguse à la Sublime Porte et à Aali pacha à Mostar.
C'est probablement dans cette conviction que Mouhtar se mettait la nuit entre 15/27 et 16/28 en marche avec 16 bataillons comme disent les monténégrins, avec 18 comme disent les informations plus autorisés (Mouhtar avait trouvé à Bilek encore de 5 à 6 bataillons) pour attaquer les hauteurs de Vrbitza à Voutchido. Mais le matin il se trouva en face non du corps de Peko, mais de la plus grande partie de l’armée du Prince. Les Monténégrins disent qu’ils étaient là au nombre de dix mille
29 Русија и босанско-херцеговачки устанак II 449



























































































   449   450   451   452   453