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 remuait lourdement avec son gros corps d’armée au milieu des camps retranchés turcs dans une complète ignorance des mouvements de l’ennemi.
Devant un autre ennemi que les Turcs, le Prince se serait trouvé dans une situation vraiment inextricable, mais les généraux turcs, même le célébré (sic!) Mouhtar, ne le surpassaient pas beaucoup, à ce qu’il parait, en science militaire.
Voila (sic!) ce qui s’est passé: Samedi, le 10/22, le Prince, après s’être amusé à bombarder inutillement (sic!) la Kassaba, se décidait enfin de faire une tentative sur Mostar, mais la veille encore il m'envoyait un télégramme où il m’avouait qu’il ignorait toujours ou était Mouhtar pacha.
Dans l’ignorance donc des forces turques qu’il devait rencontrer, il prend des dispositions suivantes: le centre de son armée sous ses ordres immédiats abandonne les environs de Kassaba et se retire à tra­ vers la pleine (sic!) de Nevessigné sur les versants des montagnes au sud de cette pleine (sic!), les deux ailes un (sic!) sous Stanko Radonié avec trois bataillons s’avance sur le chemin passant par Bichina de Kas­ saba à Blagaya, l’autre composé (sic!) des gens de Newessigné, troupe très mauvaise, se place sur le chemin de Kassaba à Mostar, entre les deux se place encore un bataillon monténégrin qui doit observer la for­ teresse même de Kassaba.
Entre ces troupes avancées et l’arrière garde, commandée par Son Altesse, il y avait six heures de distance, une pleine (sic!) et quatre ba­ taillons turcs retranchés dans le Kassaba. Sans être militaire j’ose croire que c’était là une position qu’un général ne prendrait pas sans être forcé de le faire, quand il doit avoir en vue d’attaquer ou de recevoir une attaque d’un ennemi dont il ne connait pas la force. Aussi je crois que le Prince n'avait pas l’intention d’attaquer Mostar et qu’il prenait ces dispositions dans un moment d’hésitation, ne sachant quoi entreprendre, aller en avant ou reculer, puisque les Serbes le pressaient aussi de venir les aider près de Novy Bazar.
Le Prince pouvait aussi supposer que les Turcs ne voudront pas le rencontrer dans la ville même de Mostar et viendont eux mêmes sur les hauteurs qui séparent Mostar de Kassaba, sur le terrain excessive­ ment difficile et par conséquent favorable aux monténégrins — mais alors l’arrière-garde était tout de même à six heures de distance.
Pendant que dans le camp du Prince on ignorait ce qui se faisait autour de lui, Mouhtar pacha faisait preuve d’une énergie remarquable, digne d’un meilleur sort — il réunissait à la hâte 14 bataillons dont les uns venaient de Trebigné et les autres de Sarajevo, presque à la portée de fusil de l’armée monténégrine. Mais l’énergie de Mouhtar ne l’a pas empêché d’être un général médiocre — il ne savait pas non plus où était le Prince et croyait que Newessigné était harcelé par un corps des in­ surgés et que le Prince était quelque part bien loin. D’ailleurs il pouvait le croire parce qu’on le laissait si tranquillement reunire (sic!) ses ba­ taillons épars.
Le 11/23 avec quatorze bataillons Mouhtar s’est mis en marche sur Newessigné en deux colonnes — la principale s’avançait par le dé­ filé de Bischina et l’auxiliaire par la route bien difficile menant de Mo­ star directement à Newessigné. Ce mouvement offensif prouverait déjà
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