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qu’il ignorait la force de son ennemi, parce que s’il rencontrait sur ces chemins le corps tout entier du Prince ce qui était plus que possible, il aurait été broyé avec ses 14 bataillons — les passages étant trop diffi ciles pour une attaque. Cependant son aveugle hardiesse lui a réussi. Son détachement venant directement de Mostar ne rencontra que les gens de Newessigné qui à la première décharge des canons ont pendu les jambes au cou. Cette fuite démoralisa les monténégrins qui deffen- dient (sic!) le passage de Bichina. Ceux-ci après trois heures de fusillade battirent en retraite surtout aussi parce qu’ils étaient com mandés par un novice très peu capable Stanko Radonié.
Les Turcs disent que les monténégrins dans cet endroit avaient été pris à revers par une sortie de la garnison de Kassaba. Ce n’est pas vrai — les hommes compétants (sic!) qui ont assisté à ce combat s’étonnent même que cette garnison n’ait pas quitté ses retranchements alors même que le corps de Radonié fuyait en débandade à sa portée.
Mouhtar pacha entra à Kassaba. C’est là que le succès lui a paru énorme ainsi qu’il l’a présenté dans ses bulletins.
En effet — a mesavanture (sic!) des trois bataillons commandés par Radonié qui ont en tout perdu 76 morts et près d’une centaine de bles sés n’était pas un grand malheur pour le Prince, mais comme le décousu présidait à toute cette opération et comme les monténégrins voyaient tout d’un coup une force turque considérable qu’ils ne s’attendaient pas à rencontrer, la retraite des trois bataillons d’avangarde (sic!) détermina la retraite générale assez précipitée pour qu'elle eût pu être qualifié (sic!) de fuite.
De dimanche à (sic!) lundi soir, l’armée du Prince traversa l’espace de Newessigné à Korito plus de 80 kilométré (sic!).
Mouhtar apprenant à Newessigné qu’il avait manqué d’avoir à faire avec toute l’armée monténégrine et la voyant se retirer de cette façon, pouvait sincèrement croire qu’il l’avait battue ainsi qu’il l’annonça dans son rapport.
Enhardi par ce succès il renforce sans perte de temps son corps par bataillons pris à Kassaba et appelle deux ou trois autres de Metohia et à marche forcée s’élance vers Bilek voulant tourner l’armée du Prince, ou bien, en la dépassant, faire une pointe sur Grahovo où il pouvait détruire les magasins monténégrins de provisions et de munitions. En tout cas il pouvait espérer couper au Prince la ligne de communication avec le Monténégro.
Mouhtar-pacha en partant lundi avec 16 ou 17 bataillons de Kas saba, arrivait à Bilek jeudi soir ayant fait une marche d’une rapidité remarquable.
Cette résolution décélait chez Mouhtar une énergie peu commune, mais en même temps très peu de sagesse et beaucoup d’ignorance. Comme le Prince, Mouhtar négligeait de s'éclairer et il ignorait que pendant cette marche à Bilek il pouvait être surpris et anéanti par quinze mille monténégrins qui se trouvaient alors sur ses flancs à Korito. Il était fermement convaincu, comme il résulte des télégrammes qu'il envoyait pendant sa marche, que le Prince et toute son armée était (sic!) déjà â (sic!) Monténégro. Le hasard, cette providence de l’orient et la chance d’avoir pour adversaire un homme peu versé dans l’art militaire, l’ont sauvé pour un moment. Le Prince ignorait aussi qu'une longue file
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