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 pour cela que j’instistais auprès Chancelier de l’Empire par télégraphe pour que le Comte de Bourgoing fût mis à même de faire usage de ses instructions.
L’Ambassadeur de France vint enfin Lundi dans l’après midi m’an­ noncer qu’il était autorisé à s’associer à nous. Nous nous réunîmes donc aussitôt chez l’Ambassadeur d’Allemagne pour arrêter le texte définitif de la note, qui ne s’éloligne guère du projet que j'avais préparé. Elle devait être remise à Rachid Pacha le lendemain par nos premiers Drog- mans. Je fus en outre autorisé par mes Collègues d’en donner lecture à l’Ambassadeur Britannique afin de prévenir des interprétations erro­ nées de sa part.
Sir Henry Elliot fut frappé du ton conciliant et du contenu anodin de la note et m’avoua qu’elle lui paraissait acceptable. Mais en face du refus de son Gouvernement il ne se croyait plus en droit de s’unir à nous.
J’ai tout lieu de supposer. Sire, que si notre démarche avait été exécutée comme nous l’avons projetée les Turcs auraient fini par accep­ ter nos demandes. Mes entretiens intimes avec le Grand Vézir, le Mi­ nistre des Affaires Etrangères et même avec le Serasker m’ont fait entrevoir que l’armistice serait accordé. Rachid Pacha croyait que la note serait collective, signée par les cinq Représentants.
J’ai appris que l’Ambassadeur Britannique avait contrairement aux objections principielles soulevées à Londres contre les conclusions d’un armistice conseillé à la Porte Lundi de ne point repousser nos proposi­ tions!, Selon Sir Henry Elliot, le refus de l'armistice par la Turquie aurait pu servir de prétexte à une entrée en lice de la Serbie et du Monté­ négro que la Russie ne manquerait pas de protéger. Il est curieux de constater cette nouvelle contradiction dans le langage de mon Collègue Britannique. N’était-il pas le plus ardent à prêcher la nécessité d’une guerre avec la Serbie et le Monténégro, dont l'hostilité semble l’effrayer tellement aujourd’hui? La situation doit donc avoir bien changé pour rendre si dangereuse pour la Turquie une lutte avec ces Principautés. Quoiqu’il en soit Sir Henry Elliot conseillait à la Porte de demander aux Puissances des explications, des assurances et des garanties, de façon à lier leur action à l’égard des insurgés.
Si une pareille exigence nous était posée, je me permettrai de croire que nous ne saurions l’accueillir. La forme atténué de notre com­ munication ne semble pas pouvoir comporter un refus, ni même des tempéraments. Les conditions éventuelles que la Porte voudrait mettre à son acquiescement ne sauraient nous entraîner à assumer un engage­ ment quelconque à son égard. Si elle désire présenter des objections et demander des garanties, nous pourrions l’inviter à les faire valoir dans une conférence, où elles seraient examinées en commun.
Mais pour le moment cette éventualité est écartée pour quelque temps, car les premiers Drogmans porteurs de la note se sont présentés à la Porte le jour même où Abdoul Aziz a été détrôné. Ils n’y ont donc trouvé personne a (sic!) qui la remettre et aussitôt que nous eûmes reçu (Sjic!) la notification de changement de règne, nos lettres de créance cessaient d’être valables, et nos rapports officiels avec le Gouvernement Ottoman devaient être interrompus. Nous convînmes donc de suspendre toute action ultérieure en réservant à nos Cabinets respectifs de décider
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