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 Pour enrayer l’action des Puissances et semer entre elles la zizanie les Turcs et leurs amis Européens répandent de faux bruits et cherchent à représenter notre activité sous un jour défavorable.
A côté de cela on s’évertue à discréditer la Russie. Ainsi on a pro­ fité de la prolongation de l’armistice pour faire courir des nouvelles hostiles à l’état de notre armée. J’ai cru devoir en prévenir par le té­ légramme ci-joint le Général Nepokoïtchitzky qui a démenti catégori­ quement toutes les calomnies élevées contre nos troupes. Midhat Pacha assure avoir eu des nouvelles très favorables à la Turquie sur les dispositions des populations Musulmanes du Caucase et particulière­ ment des Montagnards qui n’attendent qu’un détachement Ottoman pour se soulever. De plus les Turcs prétendent avoir reçu des informa­ tions de Londres et de Vienne, leur donnant l’assurance que l’attitude de Salisbury serait désavouée et qu’en cas de rupture avec nous la Porte pourrait toujours compter sur la défection de l’Autniche-Hongrie et sur le mauvais vouloir de l’Angleterre à notre égard.
De son côté la presse locale essaye de nous mettre dans une fausse position en tombant sur le Marquis de Salisbury et en l’accusant de subir mon influence. Des articles inconvenants ont paru dans ce sens dans le Levant Herald et d’autres journaux où les membres de la Confé­ rence et leur activité étaient presque insultés. D’un autre côté Midhat Pacha et ses acolytes Grecs répandent la nouvelle, que la Russie serait disposée à se détacher de l’accord général établi à la Conférence et à s'entendre directement avec la Porte en dehors des autres Puissances. Sir Henry Elliot a naturellement ajouté foi à toutes ces calomnies et s’est empressé de les faire parvenir à Londres et (à) Paris où une certaine méfiance à notre égard en est résulté (sic!). Un télégramme du Comte Schouvalow du 16 Décembre en fait foi.
Pour mettre à néant toutes ces intrigues j’ai profité de la première occasion favorable qui m’a été offerte par les Turcs eux-mêmes.
Votre Altesse a été informée par le télégraphe que dans la 3e séance de la Conférence les Plénipotentiaires Ottomans refusant d’examiner les instructions aux commissions exécutives, puisqu’ils ne pouvaient en admettre les bases, nous ont annoncé un contre-projet qui allait leur être envoyé de la Porte. Comme l’arrivée de ce document qui renfermait leurs instructions tardait et que la Conférence menaçait de traîner sans aucun résultat, j’ai cru devoir y faire une déclaration, que j’avais com­ muniqué préalablement à mes Collègues, et que j’ai l’honneur de placer ci-près. Le Marquis de Salisbury et quelques autres Représentants se sont prononcés dans le même sens en constatant la modération de la Russie et l’esprit de conciliation dont elle a fait preuve. Le Comte de
Chaudordy a attaqué à cette occasion les Plénipotentiaires Ottomans avec
énergie pour les faux bruits dont on tâchait d'embarrasser notre activité.
Pour fixer davantage cet accord si heureusement établi et lier mes Collègues tout en faisant semblant de limiter mon action personnelle, je leur ai proposé de signer un protocole dont le projet se trouve annexé ci-près et qui nous oblige tous à soutenir vis-à-vis des Turcs les propo­ sitions élaborées dans la Conférence préliminaire. Les Représentants ont cru devoir demander à cet effet des instructions spéciales. Lord Beaconsfield a semblé peu disposé d’y autoriser le Marquis de Salisbury.
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