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Sir H. Elliot: elles avaient pour but de me prouver que nous ferions tort aux populations de l’Herzégovine et de la Bosnie en voulant leur adjoindre en tout point celles de la Bulgarie. Selon Lord Derby, la Porte n’objecterait que pour la forme quant aux institutions autonomes pour les deux provinces insurgées; elle en aurait, pour ainsi dire, fait son deuil. En revanche, elle s’opposerait avec énergie à ce que l’auto nomie soit étendue à la Bulgarie; elle ne pourrait le faire qu'en l'ac cordant simultanément aux populations grecques et même à tous les autres sujets de son Empire et, posée ainsi, la question pour elle de
venait vitale.
Je n’acceptai pas, Sire, les arguments que faisait valoir mon inter locuteur, et je l’obligeai, pour ainsi dire, à les retracter devant les miens. Je lui réitérais une fois de plus les intentions catégoriques de Votre Majesté. Vous n’aviez pas en vue d’obtenir dans la situation présente l’indépendance absolue des provinces slaves, ni leur séparation poli tique de l'Empire Ottoman. Votre objet était l’amélioration effective et réelle du sort des populations chrétiennes — en un mot leur prospérité matérielle. Jugeant que l’autonomie locale et administrative était le seul genre d’institutions propres à atteindre ce but. Vous le poursuive- riez (sic!) sans l’élargir, ni le restreindre. Si le Sultan trouvait néces saire d’étendre les bienfaits de ces institutions à tous ses peuples, ce ne devrait certes pas Votre Majesté qui y mettrait obstacle.
La base des autonomies locales n’est point d’ailleurs une proposi tion nouvelle, c’est l’Angleterre elle-même qui l’a proposée dans ses bases de paix qui ont été acceptées par toutes les autres Puissances. Il est vrai que le Gouvernement de la Reine l’a proposée sous la pression de l’opinion publique du pays. Cette opinion s’est tue devant le fantôme de l’occupation de la Bulgarie, mais il n’est pas dit qu’elle se soit mo difiée; en tout cas le Gouvernement persiste à dire qu’il n'a pas abandon
né les bases proposées il y un mois. Je suis étonné enfin des craintes que lui — un anglais exprimait à l’égard du »local self-gouvernement«. Pour notre part, nous ne le considérons pas comme un principe de dis solution pour les Empires, nous y voyons au contraire le moyen de les maintenir et de les consolider. De deux choses l’une: si le »self-govern- ment« est un principe délétère, pourquoi Lord Derby l’accepte-t-il pour l’Herzégovine et la Bosnie; si c’est une base saine et conservatrice, pour quoi la rejetterait-il pour la Bulgarie ou les provinces grecques.
J'étais persuadé que Votre Majesté exigerait les conditions de bien- être pour les Bulgares avec la même insistance que pour les autres Slaves et que Vous ne voudriez pas entendre les Bulgares — ceux précisément qui ont été le plus atrocement maltraités — se plaindre de ce qu’on ne leur a point accordé les avantages qu’ont obtenus leurs frères de l’Herzé- govine et de la Bosnie.
S’il ne s’agit que de nuances à établir, — nuances qui seraient mo tivées par des particularités locales, elles seront discutées par les Repré sentants des six Puissances et le sens même »d’autonomie locale« n'exige point d’uniformité absolue.
Le Principal Secrétaire d’Etat ne trouvant rien à objecter m’as sura qu’il avait la plus haute opinion de tout système de »self-govem- ment«.
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