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tants ont été unanimes à blâmer et à regretter que la Porte eût touché à ce sujet. L'Ambassadeur d’Angleterre pensait toutefois que le désir du Gouvernement Ottoman étant parfaitement légitime, il aurait pu l’expri mer dans une autre pièce d’un caractère plus intime. Je relevai de nouveau la stérilité dont devait être frappée une pareille démarche aucune Puis sance ne se trouvant en mesure d’arrêter le mouvement des volontaires s’il se produisait en faveur de l’un ou de l’autre des combattants, l’Angle terre pas plus que ne l’a été l’Autriche-Hongrie, lors de l’insurrection de Herzégovine. Sir Henry Elliot prétendait que ce n’était pas contre les Puissances que devaient être prises des mesures, mais contre les Princi pautés, auxquelles on aurrait pu interdire l'admission de nouveaux com battants. Mais je lui demandai quels seraient les moyens des Grandes Puissances pour contrôler et redresser les actes de la Serbie et de Monté négro, et s’il y aurait justice à priver les deux Principautés des res sources du dehors, tandis qu’aucun obstacle ne serait mis à l’augmenta tion de celles que pouvait acquérir la Turquie.
Lorsqu'on parla de rechef (sic!) du terme de six mois, j’en relevai encore une fois le désavantage, en me basant sur les précieuses indications contenues dans le télégramme secret de Votre Altesse du 29 Septembre/
11 Octobre. L’Ambassadeur de l’Angleterre exprima l'avis que puisque les Principautés avaient remis leur sort entre les mains des Cabinets sans poser aucune condition, nous étions en mésure de prendre des résolutions pour elles sans attendre leur adhésion. »Mais non sans les écouter, ni tenir compte de leurs convenances«, lui repondis-je, en faisant ressortir aussitôt les mauvais côtés de la prolongation en Serbie et au Monténégro de l’état d’incertitude actuelle pour tout l’hiver.
Du reste. Sir Henry Elliot attira l’attention de ses Collègues sur les termes de la communication Ottomane qui acceptait explicitement l’armistice en principe, mais n'exprimait qu'un avis motivé au sujet de la durée qu’il devrait avoir. Ce n’était donc point une condition absolue que la Porte posait à son acceptation, mais un voeu, une proposition formelle dont elle l'accompagnait. La plupart des Représentants n’avaient pas saisi cette nuance. J’ai cru devoir la signaler à l'attention de Votre Altesse par mon télégramme du 1er Octobre, en citant textuellement le passage y relatif, où quelques uns des Collègues ont voulu également voir une adhésion implicite aux propositions de paix des six Cabinets. Je dois avouer, Monsieur le Chancelier, que telle n’a point été mon impression. Puisqu’en se disant, à la fin de son mémorandum du 2/24 Septembre, prête à accepter la décision des Puissances au sujet des conditions de paix qu'elle y formulait, la Porte n’a pas hésité après cela à rejeter celles qui lui étaient posées en échange, il ne me paraissait pas qu’elle se crût liée davantage par une phrase vague où il n’est question d’ailleurs que de ses propres propositions. La véritable portée de ces deux points ne pourra en tout cas être établie que par la Porte elle- même, d'accord avec les Cabinets, lorsque ces derniers se seront pré alablement entendus sur le terme de l'armistice et la manière de pré senter au Gouvernement Ottoman les conditions de paix qu'ils auront nettement établies entre eux.
En attendant, comme aucun de nous ne se sentait autorisé à entrer dans la discussion des détails de l’armistice, notre réunion n’a pu avoir
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