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 Porte en égard aux voeux des Puissances de mettre un terme à l'effu­ sion du sang, — a donné hier aux Commandants en Serbie et au Monté­ négro l'ordre télégraphique de cesser toute hostilité, de ne plus faire un pas au delà des positions ou (sic!) notre armée se trouverait à la récep­ tion de cet ordre et de se tenir strictement sur la défensive. Dans le télé­ gramme à nos autorités militaires nous avons ajouté que nous espérions recevoir dans une dizaine de jours la réponse des Puissances à nos propo­ sitions de paix. (De cette façon la cessation des hostilités serait de dix jours). Je prie donc votre Chargé d’Affaires de télégraphier immédiate­ ment cette décision à son Altesse le Chancelier, afin que le Cabinet Impé­ rial veuille bien prendre des mesures pour que les Commandants Serbes et Monténégrins en fassent autant de leur côté, c’est à dire se tiennent strictement et loyalement sur la défensive sans chercher à nous atta­ quer«.
Tout en promettant à Safvet Pacha de m’acquitter de sa commis­ sion, je crus devoir lui faire les observations suivantes:
— Le mémorandum turc refusant catégoriement la proposition d’ar­ mistice, ne serait-il pas plus convenable de nous communiquer par écrit la nouvelle décision prise par la Porte de faire cesser les hostilités? Secondement les Puissances demandaient un armistice en règle et non point une simple cessation des hostilités, formulée confidentiellement Un armistice exigeait une démarcation qui était l'unique garantie contre des malentendus ou la mauvaise foi de quelque chef militaire récalci­
trant ou mal inspiré.
»II m’est impossible de Vous communiquer par écrit ce que je viens de vous déclarer verbalement. Ce serait exciter l'opinion publique turque qui voit unanimement dans la concession d’un armistice des facilités accordées aux Serbes et aux Monténégrins pour se refaire et combler vides par des volontaires étrangers accourus en masse sur le théâtre des hostilités. Mais le but que se proposent les Puissances de mettre un terme à l’effusion du sang, continua Safvet Pacha, est entièrement atteint par les ordres que nous avons donnés hier aux chefs de notre armée et par le fait que la paix est imminente en présence de notre déclaration de nous en remettre avec confiance à l’appréciation des Puissances quant aux 6 bases posées dans notre mémorandum.
Safvet Pacha ajouta qu’il avait fait hier la même déclaration con­ fidentielle à mon Collègue Anglais et à d’autres, et qu’aujourd’hui il la communiquerait également à tous ceux qu’il verrait. De plus, il en infor­ merait les Représentants turcs à l'etranger.
En réponse à une interpellation de ma part concernant les insurgés de Bosnie et de Herzégovine, le Ministre des Affaires Etrangères me dit que la Porte n’avait pas pu donner les mêmes ordres en Bosnie et en Herzégovine parce que les bandes qui y opéraient autrefois s’étaient fondues dans les armées Serbe et Monténégrine, et que depuis quelque temps de rares bandes venues du dehors faisaient leur apparition pour se disperser bientôt, après avoir pillé ou saccagé quelque village musul­ man. Le Gouvernement turc n’avait donc pu prendre des mesures pour la cessation des hostilités que sur les points où il existait réellement une action militaire quelconque.
АВПР, K-31.
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