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ИЗВЈЕШТАЈ НОВИКОВА ГОРЧАКОВУ
О приједлозима које je турска влада преко д-ра Кечета упутила Црној Гори за рјешење питања устанка, о наводним територијалним концесијама и др. Новиков износи своје мишљење о прихватљивости тих приједлога.
Vienne, le 22. 1/3. Il 1876, 17.
Mon Prince,
Je me fais un devoir d’ajouter quelques mots au sujet de l’incident mentionné dans les télégrammes de notre Consul Général à Raguse, celui de la mission du Dr Ketchet au Monténégro.
Le 17./29. Janvier, je reçus de Mr Jonine une dépêche télégraphique annonçant que ce messager venait d’être envoyé par les Turcs à Cet- tigné; que lui, Jonine, n'en approuvait pas le choix; qu’il ignorait le but de la mission de Kétchet et ne savait même pas s’il la remplissait ou non d’ordre exprès de la Porte.
Deux jours plus tard ii m’arriva un nouveau télégramme de Ra guse sur le même sujet. Notre Consul Général demandait au Cabinet Impérial des instructions sur le conseil qu’il aurait à faire parvenir au Prince Nicolas quant aux concessions que le Dr Kétchet lui faisait entre voir de ia part du Gouvernement turc.
En transmettant à Votre Altesse ce dernier télégramme, je m’étais permis de l’apostiller de quelques observations dont je crois devoir dé velopper le sens.
Le négociateur ottoman propose au Prince Nicolas la reconnais sance de l'indépendance du Monténégro par ia Porte, la cession du port de Spitza et d’autres avantages sur lesquels Constan Effendi avait déjà précédemment sondé l’opinion de notre Consul Général. Mr Jonine avait répondu alors que ces concessions étaient insuffisantes, que les monté négrins n'avaient que faire de Spitza et qu’il leur fallait la cession d’une partie de l’Herzégovine.
Ce refus m’avait paru un peu trop péremptoire. Je me souviens d’une époque à Constantinople où la possession de Spitza formait un des voeux les plus chers du Monténégro et, de fait, si la navigation de la Boyana est considérée aujourd’hui encore comme un des besoins vitaux de la Principauté, je ne pense pas qu’un débouché sur la mer puisse lui être indifférent.
Si donc les Turcs voulaient sincèrement et spontanément faire au Prince Nicolas l’abandon de ce port de mer et reconnaître en même tems son indépendance, à charge pour Son Altesse de se désintéresser à Son tour de l’Herzégovine et de coopérer franchement à l’oeuvre paci ficatrice de l’Europe dans cette province, — ils feraient un acte de sage politique, l’Autriche n’aurait rien à y redire et le Monténégro conclurait un heureux marché.
Mais il s’agit de savoir s’il n’est pas trop tard. En politique il faut battre le fer tant qu’il est chaud et, pour avoir failli à ce principe, tel négociateur a été heureux de payer les trois livres de la Sybille au même prix auquel un moment plus tôt il eût pu faire l’acquisition des neuf.
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