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dû, en liant son sort à celui de son allié, accepter aussi les conséquences de la défaite des Serbes, malgré ses propres succès qui rendaient sa position actuelle meilleure qu’elle n’etait au commencement de la guerre.
Pour le Monténégro tout l’avantage était de continuer la lutte, aussi le Prince répondit a Mr Ristié en demandant si une diversion du côté de Senitza n’avait pas de chances de rétablir un peu les affaires serbes. En ce cas il se serait mis en mesure de faire cette diversion. Si au contraire les affaires étaient dans un tel état que cette diversion n’aurait rien changé. Le Prince autorisait Mr Ristié d’accepter l’armistice pour la Ser bie ainsi que pour le Monténégro.
Après avoir expédié la dépêche contenant cette réponse le Prince orrivait a Belopavlitci. La réponse de Mr Ristich se faisait attendre, mais ici nous avions compris, ayant obtenu quelques renseignements plus précis sur les affaires en Serbie, que la diversion vers Senitza devait être remise encore à une date indéterminée: En premier lieu les forces turques en Albanie étaient en réalité de beaucoup supérieures à celles que Son Altese croyait tout d’abord devoir trouver ici. Avec les renforts nouvellement arrivés, le Prince crovait qu'il n’y aurait dans cette pro vince plus de 35 bataillons de réguliers, dont le nombre devait être sen siblement déduit (, réduit) après la bataille des Koutchi — en réalité nous avions compté ici près de 52 bataillons. Ainsi toutes les forces monténé grines étaient nécessaires de ce côté. En second lieu nous avions appris ici que Tcholokantich (sic!) qui commandait l’armée serbe de Ibar et que nous croyions autour de Senitza, était en pleine retraite ce qui confirmait aussi une lettre de Dervich-pacha au gouverneur de l’Herzegovine saisie par les éclaireurs monténégrins.
Mr Ristié en attendant ne répondait pas. Hier seulement Son Altesse recevait de lui un télégramme où le ministre serbe disait: »C’est aujourd’hui le troisième jour que continue la bataille entre Nich et Aleksinatz, dont le résultat doit être décisif. Nous ne pouvons rien résou dre avant l’issue de cette bataille, aussi nous vous prions d’attendre et de patienter.«
Enfin ajourd’hui on annonce de Belgrade que les Serbes viennent de remporter un succès considérable sur les Turcs qui sont repoussés de Kniagevatz et de Tresibaba.
Tous ces renseignements serbes ne donnent pas une idée précise sur la situation de leurs affaires. Accepteront-ils l’armistice ou continu eront-ils la lutte — nous ne sayons pas; aussi le Prince, malgré ses succès, doit rester indécis et inactif. Il a renforcé seulement ses troupes de la frontière contre une attaque éventuelle, probable, parce que Dervich-pacha semble devoir remplacer ici Mahmoud pacha qui vient d’être battu. En Herzégovine les Turcs ne sortent pas non plus de leurs places fortes et Voukotié reste toujors entre Gatzko et Bilek en épiant leurs mouvements.
Mais pour faire quelque chose de plus il faut avant tout être fixés sur les intentions et la situation des Serbes — il eût été inutile de perdre du monde sans l’espoire (sic!) de rien changer à la paix si elle devait absolument venir un de ces jours.
АВПР, ГА-749. A. Yonine 494