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 La plupart des journaux de toutes les nuances insistent sur la nécessité d’un prompt rétablissement de la paix au delà des Balcans. Tout en exprimant leurs sympathies pour la cause des chrétiens de Turquie, les feuilles publiques ne se font pas défaut d'affirmer que les complications actuelles ne peuvent que compromettre cette cause et
elles sont unanimes pour rejeter sur la Serbie la responsabilité du con­ flit qui est venu troubler le repos de l’Europe.
Les organes les plus sérieux de la presse reconnaissent, tout en paraissant les déplorer, les droits que la Turquie pourra faire valoir à des compensations pour ses sacrifices, droits qui grandiraient en raison directe du succès ultérieur de ses armes qu’ils escomptent d’avance.
Il est à observer, en outre, que la plupart de ces journaux conti­ nuent avec persistance à mettre en cause la Russie, en lui attribuant plus ou moins ouvertement un rôle prépondérant et responsable dans tout ce qui se passe dans la péninsule Balcane (sic!).
Des voix isolées s’élèvent de temps à autre pour rappeler la justice que l’on est obligé de rendre à la politique loyale et généreuse de notre Auguste Maître, mais elles sont souvent couvertes par le refrein (sic!) général des anciens préjugés dont on a tant de peine en Europe à se- dégager quant à notre action et nos vues présumées en Orient.
En même temps, une tendance marquée se fait sentir en faveur de la politique anglaise.
D’après les appréciations que j’ai pu recueillir dans différents cercles politiques, l’opinion publique suivrait le même courant que la presse et en partagerait en grande partie les errements.
Tout en manifestant hautement des sympathies très réelles pour la Russie et reconnaissant l’intérêt primordial qu’a la France à se rap­ procher de nous, l’on ne dissimule pas le désir de ne point se séparer de l’Angleterre sur le terrain de l’Orient.
Un entretien que j’ai eu il y a peu du temps avec Mr Thiers à ce sujet est assez caractéristique pour être rapporté en substance.
L’ex-président de la République me disait que la France était portée vers la Russie par ses sympathies et ses intérêts, mais qu’elle désirait surtout la paix.
Je crus devoir relever l’opposition que la particule »mais« — em­ ployée avec une certaine affectation, — mettait tout-à-fait gratuitement entre les deux périodes de cette phrase.
Mr Thiers réplique que l’on reconnaissait certainement en France la haute loyauté de la politique de notre Auguste Maître qui inspirait autant de confiance que de gratitude, mais que les manifestations de l'opinion en Russie et le concours moral et matériel qu’elle donnait au mouvement Slave en Turquie offrait un danger réel, à son avis, pour la tranquillité de l’Europe.
Mr Thiers me dévellopa (sic!) ensuite son point de vue sur les com­ plications actuelles, qui peut se résumer ainsi.
Il ne verrait point d’inconvénient à ce que l’on donnât à l’Herzégo- vine et à la Bosnie une certaine autonomie; mais le petit Etat qui avait follement osé compromettre le repos de l’Europe méritait un châtiment exemplaire. Les menées ambitieuses de la Serbie devaient être arrêtées avec fermeté. Le moyen pratique de se garantir contre un retour de ce qui se passait actuellement serait le rétablissement du fort de Belgrade
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