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 Mon Prince,
Arrivé à Oria-Louka le village de Belopablovici (sic!) en Monténégro, après une course longue et ininterrompue à travers l’Hérzégovine (sic!), je puis trouver ici une table et une chaise pour pouvoir rendre compte à Votre Altesse des impressions que j’ai pu recueâllire (sic!) pendant les dix jours de mon absense (sic!) de Raguse.
Je n'ai pas trouvé le Prince devant Bilek ainsi que je l’ai espéré — il me fallait encore deux longues journées de voyage pour le rencontrer à l’extrémité sud du plateau de Gatzko.
Après la bataille de Bilek les Monténégrins entouraient cette ville ainsi que Trebigné, où Mouhtar-pacha s'était réfugié avec les restes de son corps d’armée. Prendre ces positions de vive force fut impossible, vu l’absence de l’artillerie sérieuse chez les Monténégrins. Si de l’autre côté ces derniers se bornaient à bloquer les Turcs dans ces places, ésperant (sic!) les prendre par la famine, il en résulterait que la plus grande partie des forces monténégrins (sic!) eût été immobilisée autour de Trébigné et tenue dans l'inactivité par cinq ou six mille turcs, et ceci pour un temps indéterminé.
Ainsi Son Altesse, après une dizaine de jours d’irrésolution, a pris !e parti de se retirer vers Gatzko dans la position, où il pouvait observer les routes de Niksitch, Bilek et Mostar. Son Altesse espérait dans cette position de suprendre (sic!) Mouhtar s’il avait l'intention de sortir de Tre­ bigné — il lui ouvrait même les portes dans ce but. De l’autre côté on lui même arriva avant hier à Belopavlovici avec six autres bataillons en se pressant de venir en aide à Bojidar Petrovié, dont la situation pou­ vait devenir dangereuse à la suite de l'arrivée des renforts turcs.
Mais en chemin, avant d’arriver dans la pleine (sic!) de Niksitch, nous avions reçu la première nouvelle que l’attaque que le Prince redou­ tait avait déjà eu lieu et qu’elle a été victorieusement repoussée. Pendant la halte au couvent d’Ostrog nous avions les premiers details de cette rencontre qui pouvaient faire croire que le principal corps de l’armée turque en Albanie était complètement défait et mis hors d’etat d’agir pour un long laps de temps.
Son Altesse avait alors cru à la possibilité de faire immédiatement la diversion vers Senitza, mais il voulait encore s'assurer plus intime­ ment de la situation sur la frontière albanaise, avant de prendre définite- vement une décision, quand arrivait un télégrame de Mr Ristié qui devait l’accélérer.
Mr Ristich faisait savoir au Prince que certaines Puissances Euro­ péennes lui faisaient la proposition d’acepter un armistice et il deman­ dait au Prince son opinion là dessus, en ajoutant que l’armistice aurait pu leur être profitable et que la guerre aurait pu être recommencée si les conditions de la paix n’étaient pas acceptables.
Vu l’incorrigible rivalité et la méfiance qui existent entre les Serbes et les Monténégrins, les deux alliés lisent surtout entre les lignes dans leurs communications respectives. Ce que le Prince a surtout déduit du télégramme de Mr Ristié c’était l’aveu d'une situation critique qu’on a eu soin de cacher jusqu’à présent à Son Altesse, Il est évident qui si la Serbie était obligée de demander la paix, le Monténégro ne pouvait pas s’en séparer, mais en ce moment la paix dictée à la Serbie ne pouvait qu’être onéreuse sous le coup des succès turcs — le Monténégro aurait
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