Page 484 - index
P. 484
-postes ottomans et quelques corps-francs poussant leurs reconnaissances vers le camps ennemi.
Du côté des Turcs cette demi-trève s’expliquerait facilement par l’insuffisance de leurs troupes en Bosnie et les incertitudes quant à l’issue de leur lutte avec le Monténégro. Mais l’inaction de l’armée serbe, comptant sur cette frontière près de vingt mille hommes, donne lieu aux suppositions les plus variées. L’une d’elles vise à faire croire que Ranko serait à attendre les résultats d’une mission dont a été chargé un certain Despotowitch, exclu du service militaire russe et chassé de l’armée du général Tchernaiew après l'affaire d’Ak-Palanka. Actuelle ment envoyé par le gouvernement. Princier dans la Bosnie occidentale avec une somme de dix mille ducats, il a pour tâche d’y attiser l’insur rection et de réunir en un seul corps de volontaires les sept ou huit bandes d’insurgés, déjà en armes le long de l’Ouna et de la Save, pour opérer avec ce corps contre les petites garnisons turques en se rappro chant au plus vite de la frontière serbe.
Sans analyser les chances de succès que pourrait avoir cette mis sion du colonnel Despotovitch, il est désormais permis d’avancer, que le Gouvernement. Princier s’est grandement trompé dans l’espoir qu’il basait sur un mouvement général en Bosnie à l’approche de ses troupes.
Quatre siècles de domination ottomane aurait ils (sic!) définitive ment amené les populations chrétienes de cette province à une rési gnation de martyrs en même temps qu’à l’oubli de tout sentiment de dignité humaine et d’honneur national? Le fait est que dans les pre miers jours qui suivirent le passage de la frontière, Ranko parvint à attirer dans son camps quelques milliers des Bosniaques auxquels il distribua des armes. Mais bientôt leur nombre se mit à décroître avec rapidité et soit panique inspirée par quelques fusillades d’avant-po stes, soit peur de représailles entre leurs familles, ils se débandèrent en jetant leurs armes le long des chemins.
L’armée de l’Ibar, placée depuis près de vingt jours sous les or dres du colonnel Tcholak-Antich, eut des alternatives de succès et re vers aux environs de Sénitza, Nova-Varosch et Novi-Bazar, mais en dé finitive elle dut se replier sur les hauteurs du Yavor et après trois jours de luttes sanglantes Dervisch-pacha, recevant par la gare de Mitrovitza de nouveaux renforts, obligea les Serbes de reculer jusqu’aux environs d’Ivanitza. Lui-même ayant laissé quelques troupes à Yavor, se dirige, dit on, vers le théâtre d’opérations en Herzégovine pour dégager son collègue Mouktar.
Enfin l’armée de l’Est, formée des anciens corps de la Morava et du Timok, réunis depuis le 26 Juillet sous commandement en chef du général Tchernaiew, a également subi de nombreux revers sans avoir eu à enregister un seul succès. Cette série de malheurs ayant (été?) inau gurée par l'affaire de Veliki-Izvor, je me vois forcémement obligé à re venir sur ce lugubre épisode du conflit turco-slave.
Las de son inaction à Babina-Glava, Tchernaiéw forma le projet de débusquer l’armée d'Osman-Pascha des hauteurs de Veliki-Izvor que Léschanine avait commis la faute d’abandonner à l’ennemi des (sic!) le début de campagne. Le plan d’attaque fut approuvé par le Prince et, pour le jour de l’action, Léschanine devait être subordonné à Tcher- niaëw.
482