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 Monsieur le Chancelier,
J'ai l’honneur de transmettre ci-joint à Votre Altesse un article officieux inséré dans »la Turquie« sous le titre »le Suzerain et ses vas­ saux«, Il tend a définir le point de vue auquel se place la Sublime Porte à l’égard de la Serbie et du Monténégro. La Montagne Noire y est traitée de Principauté vassale. Quant à la Serbie, il est question de la reprise des forteresses que le Sultan avait cédées au Prince Michel; »c’est une nécessité«, dit l’article et il ajoute que les armées Ottomanes victorieuses ne pourront évacuer le territoire Serbe »qu'après avoir pris des garanties matérielles contre la répétition éventuelle de nouveaux actes d’agres­ sion«. Ces aveux confirment les renseignements qui m’étaient parvenus au sujet des prétentions que la Porte voudrait faire valoir en cas de succès de ses armées.
Selon les dernières nouvelles reçues de l’Herzégovine le Prince Nicolas, après s’être emparé des plateaux de Gatzko et de Nevessigné, se trouve à la tête de son armée à Balagai, près de Mostar. Presque toute l’Herzégovine est entre les mains des Monténégrins. Deux mille hommes de troupes régulières sous les ordres de Selim Pacha sont blo­ qués sur une hauteur au-dessus de Gatzko. Dix bataillons commandés par Moukhtar Pacha et renforcé (sic!) de deux mille bachi-bouzouks défendent l’accès du chef-lieu de l’Herzégovine. On continue cependant à craindre
à Mostar l’approche des Monténégrins: avant hier, Samedi, on avait même cru à leur apparition subite et la panique s’était répandue dans la ville. Le Commissaire Ottoman Vassa-Effendi a été rappelé à Constan­ tinople et Mr Vassitch, le délégué Austro-Hongrois, est retourné à son poste à Scutari: le délégué Allemand Lichtenberg et Mr Yastrebow sont les seuls délégués étrangers qui continuent encore à résider à Mostar.
Les Monténégrins pourraient difficilement se mesurer en rase campagne avec des troupes régulières. Ils devraient ainsi que l’ont fait jusqu’ici les Herzégoviniens ne pas descendre dans la plaine et éviter de livrer des batailles offensives aux Turcs. En restant dans les montagnes et en opérant entre Konnitza et Mostar sur les communications de cette ville avec Sarajewo, ils obligeraient Moukhtar Pacha à venir les chercher dans les positions qu’ils auraient choisies eux-mêmes et où ils seraient favorisés par la nature du terrain. Si les Monténégrins suivaient cette ligne de conduite, ils épuiseraient l’armée Ottomane, qui devrait évacuer les pays ainsi que Moukhtar Pacha avait déjà voulu le faire, prévoyant la tournure que prendra la lutte. D’ailleurs les Turcs considèrent l’Herzégovine comme momentanément perdue pour eux et ne comptent y revenir en force qu'après avoir vaincu la Serbie.
Les opérations militaires dirigées contre cette dernière Principauté avaient subi un temps d’arrêt. La Porte avait annoncé il y a quelques jours qu’une attaque combinée serait dirigée contre les troupes du Général Tcherniaew de trois côtés différents, nommément: de Viddin, de Sofia et de Nisch. On attendait un résultat décisif de cette campagne et l’on était convaincu que les Serbes, entourés de tous côtés, seraient infail­ liblement obligés de se rendre. L’occupation du Khan Midhat et de Ba- bina Glava par Suleiman Pacha, et la reprise d’Ak-Palanka par Hafiz Pacha étaient considérés comme le prélude de la grande victoire. Aussi le public Turc a-t-il été très désappointé en lisant les bulletins ci-joints
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