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 de défense contre une reprise de dispositions belliqueuses de la Porte telles qu’elles s’étaient manifestées dans les derniers tems (sic!) du règne d’Abdul-Aziz.
Je devais cependant accompagner cette appréciation de certaines réserves. Dans un moment où les grandes Puissances suspendaient leurs démarches à Constantinople dans l’attente des réformse spontanées des Turcs et où le Grand Vézir adressait à Belgrade une demande d’explica­ tions sur le but des armements serbes, — le Monténégro avait tout intérêt à ne point fournir de prétexte spécieux pour être accusé soit de méditer une attaque contre la Turquie soit de faire des démonstrations hostiles à son égard.
Je lui signalai, entr’autres, la rumeur qui m’était parvenue, comme quoi les deux bataillons d’observation que le Prince Nicolas avait mis sur pied durant le dernier passage des troupes ottomanes par les défilés de Douga, auraient violé la neutralité en dépassant la frontière. Il suf­ firait dans ces conditions du moindre incident pour amener un conflit armé et créer un casus belli. Et qui sait si les Turcs ne cherchaient pas à en provoquer un de gaieté de coeur en rejetant la responsabilité de l’agression sur les Monténégrins?
Mr Pétrovich me dit que le Prince comprenait parfaitement la néces­ sité d’une extrême prudence. Il n’avait pas l’intention d’échelonner toutes ses troupes sur la frontière ni de les faire sortir hors du pays, mais seulement de se prémunir contre un coup de main des Turcs. L'uni­ que conjoncture où il se verrait impuissant à contenir ses sujets se présenterait si l’armée ottomane attaquait les districts privilégiés: les Baniany, Piva, Scharantzy et autres que les Monténégrins considéraient comme leurs compatriotes.
Je répliquai qu’il fallait soigneusement éviter cette collision qui, aux yeux de l’Europe, mettrait tous les torts du côté des Monténégrins, car si les districts autonomes voisins constituaient tacitement une annexe de la Principauté, ils n’en figuraient pas moins sur la carte comme dépendances de la Turquie.
Dès le lendemain, je transmis au Cte Andrâssy le résumé de cet entretien afin d’aplanir les voies à Bojidar Pétrovich.
Je trouvai le Ministre assez peu édifié des préparatifs militaires du Prince Nicolas. Ils lui paraissaient devoir entraîner des dépenses inutiles, d’autant plus qu’on ne pouvait refuser aux Turcs la latitude d’approvi­ sionner leurs propres forteresses et qu’il était douteux qu’ils voulussent en faire une base stratégique.
Je lui rappelai 1862, où ce même Dervich-Pacha, aujourd’hui si puis­ sant dans les conseils de la Porte, secondait, par une diversion du côté de Niksich, l’irruption d’Omer Pacha du côté de l’Albanie.
J’ajoutai que, du reste, le Prince Nicolas me semblait, en effet, quelque peu désorienté et de mauvaise humeur, mais que cela tenait évidemment à ce que, investi d’abord du rôle d’intermédiare pacificateur entre la Porte et les insurgés, il se croyait plus ou moins écarté par la dernière résolution des Puissances de réserver à la Turquie même l’ini­ tiative de l’oeuvre d’apaisement.
Le Cte Andâssy me répondit avec justesse qu’aujourd'hui comme auparavant les Turcs ne pourraient guère se passer du concours du Prince; que les six semaines de suspension d’hostilités étaient on ne peut
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