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Les premiers symptômes en ont apparu déjà lors des négociations relatives à la démarche à cinq à Constantinople. Sans songer à se sépa rer des trois Cours Impériales, la France se complaisait dans le rôle de trait d’union entre Elles et Londres. Le Duc Decazes insinuait au Chargé d’Affaires d’Autriche, Comte de Kuefstein, que pour attirer l’Angleterre dans l’action commune, il conviendrait de lui faire quelques conces sions, notamment sur le point du mémorandum relatif à la concentra tion des troupes turques.
C’est dans ce détail qu’il faut probablement chercher l’origine de la rumeur mentionnée dans le télégramme du Chancelier de l’Empire du 17./29. Mai comme quoi, d’après la version de l'Ambassadeur d’Angle terre à Constantinople, le Cabinet de Vienne commencerait à désapprou ver certains points de notre arrangement.
Le Comte Andrâssy a nié formellement l'authenticité de ce bruit. Tout en maintenant l’interprétation du 3ème point de garanties comme concentration des troupes destinée à éviter les frottemens (sic!) entre les chrétiens et les musulmans et non comme demande d’une évacuation du pays, le Ministre des Affaires Etrangères ne s'est énoncé vis-à-vis de personne dans un sens restrictif ou désapprobateur du travail de Berlin. Il s’est borné à faire ressortir aux yeux de Sir A. Buchanan, lors de la visite de cet Ambassadeur à Pesth, la responsabilité dont son Gouverne ment se chargerait s’il marchait à l’encontre de l'action des autres Puissances.
La catastrophe à Constantinople a paru rapprocher encore davantage la France du point de vue anglais. D’après ce que m'a dit le Ministre des Affaires Etrangères d’Autriche, le Duc Decazes aurait proposé ici en même tems (sic!) qu’à Ems et à Berlin, de retarder la remise de la note identique, en réservant aux Turcs de profiter de ce tems (sic!) d’arrêt pour se mettre en rapports directs avec les insurgés. Citant de mémoire, le Comte Andrâssy n’a pa su me dire la teneur textuelle de la proposition française, mais il semblait y voir une déviation du pro gramme concerté à Berlin, — celui d’insister sur l’armistice à Constan tinople.
Le Ministre exprima l’avis qu’il serait utile de différer de quelques jours la démarche des Puissances auprès de la Porte pour la double raison: d’abord que, remise plus tôt, leur note n’obtiendrait tout de même qu’une réponse évasive et dilatoire, puis-qu’il (sic!) conviendrait d’at tendre la direction que prendraient les événemens (sic!). Mais il déclina la seconde suggestion du Duc Decazes en faisant observer qu’une dé marche des Puissances relative à l’armistice n’empêchait pas les Turcs, s’ils le voulaient bien, de se mettre en rapports spontanés avec les insurgés.
Il est également significatif que les Français se sont joints aux Anglais et aux Italiens pour pavoiser leurs bâtimens (sic!) dans le Bo sphore à l’occasion de l’avènement au Trône du nouveau Sultan, tandis que les vaisseaux des trois Puissances du Nord s’en sont abstenus. Sans se prononcer en principe contre la participation du pavillon autrichien aux démonstrations d’usage, le Comte Andrâssy a invité le Comte Zichy à se conformer en tout point à ce qui, sous ce rapport, aurait été convenu avec ses deux Collègues de Russie et d’Allemagne.
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