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 Sire,
Le Prince de Bismarck m’a fait prier de passer chez lui Samedi dans l’après midi. Il m’a de suite entretenu des affaires d’Orient et des conséquences probables de l’abstention du Gouvernement Anglais.
»La scission de l’Angleterre«, a observé le Chancelier allemand, »crée une situation nouvelle. Si l'on pouvait encore douter de l’opposition de la Turquie au programme des Puissances, et des objections de la Porte à l’armistice proposé — objections qu’elle aurait pu d’ailleurs facilement mettre en oeuvre par des moyens dilatoires — ces doutes ne sont plus permis aujourd’hui. Enhardie par l’attitude du Cabinet anglais, la Turquie opposera un refus très probable à nos demandes«.
»Les Puissances«, continua le Prince de Bismarck, »devraient s’en rendre compte dès à présent, afin de s’entendre entre elles sur la marche ultérieure à suivre pour ne pas être prises au dépourvu«.
»А quelles décisions peuvent-elles s’arrêter? Là est la difficulté«.
»La question des occupations se trouve virtuellement écartée. L’Autriche ne veut pas occuper seule. Elle se refuse à une occupation mixte avec la Russie, sous l’impression des souvenirs du Holstein. Pour des motifs faciles à comprendre par suite d’anciennes affinités locales, elle n’admet pas d’occupation italienne«.
»Ce mode d’action ultérieure est ainsi hors de question«.
»La situation inverse, qui consisterait pour les Puissances à se retirer complètement de l’affaire en laissant la Turquie aux prises avec les Principautés vassales, se présente d’elle même. Mais l’Autriche vou­ dra-t-elle l'admettre et entrer dans cet ordre d’idées?« (Sa strane bilješka, vjerovatno carevom rukom: et selon moi il ne nous reste rien d’autre à faire.).
J'observai que l'on pourrait l’y amener peut-être? (Bilješka sa stra­ ne: je l'espère.). Le prince de Bismarck ne releva toutefois pas cette insinuation.
Le fond de la pensée du Chancelier Allemand était, Sire, que les cinq Puissances feraient bien de s’occuper sans retard de l'attitude qu’Elles adopteraient dans le cas où le Gouvernement Turc repousserait les bases du programme arrêté par Elles à Berlin. (Bilješka sa strane: c’est aussi mon opinion.). Dans cet ordre d’idées, il n’a d’ailleurs fait qu' effleurer les directions dans lesquelles pourrait se produire leur entente ultérieure.
J'ai dit au Prince de Bismarck que, comptant me rendre à Ems pour y présenter mest très humbles hommages à Votre Majesté Impé­ riale, je ne manquerais pas de me rendre l’interprète de Sa pensée auprès de Monsieur le Chancelier de l’Empire.
АВПР, K-18.
P. Oubril
175.
ИЗВЈЕШТАЈ УБРИА ЦАРУ АЛЕКСАНДРУ II
Апстиненција енглеске владе не олакшава ни став сила коje су приступило берлинском меморандуму нити резултате који би се мо­ гли ишчекивати из споразума Европе. Бизмарк сматра да je потребно
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