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 Sire,
La Porte persiste à soutenir que Nikschitch a été complètement ravitaillé. Interrogé sur ce sujet Moukhtar Pacha aurait répondu que cette place possède actuellement des vivres jusqu’au 5 Juillet vieux style. Un article officieux de la Turquie ci-joint en coupure, donne là-dessus des détails très-circonstanciés, dont il serait toutefois plus que hasardé de garantir l’exactitude.
Malgré cela, effrayé par la tournure grave que prennent les évène­ ments (sic!) en général, et craignant que le séjour de Votre Majesté Impériale à Berlin n'ait pour résultat une entente sur des démarches plus accentuées, le Gouvernement Ottoman semble disposé à entrer en composition avec le Prince Nicolas et les chefs insurgés, pourvu que la dignité du Sultan soit sauvegardée. (Руком, вероватно царевом, ca стра­ не дописано: Tant mieux). Les Ministres Turques auraient voulu que le Prince adressât un télégramme au Grand Vézir sous le prétexte de pro­ tester contre les accusations injustes de Moukhtar Pacha; qu’il y niât la participation de ses sujets aux derniers combats et réitérât à la Porte l’offre qu’il avait faite au Général Rodich, d’autoriser le ravitaillement de Nikschitch par le Monténégro. Rachid Pacha pense qu’une pareille démarche suffirait pour servir de point de départ à des négociations ulté­ rieures. La Porte en saisirait l’occasion pour répondre à Son Altesse et lui envoyer un fonctionnaire chargé ostensiblement de s’entendre sur le mode de ravitaillement, mais qui serait également autorisé à négocier
les conditions de la pacification de l’Herzégovine. Reste à savoir si la dignité du Prince Nicolas lui permettra de faire ce premier pas, quelque anodin qu’il paraisse. J'apprends d’ailleurs que Son Altesse vient de s’adresser de nouveau à l'intermédiaire des trois Cabinets, en envoyant à Vienne Son cousin Bojidar Petrovitch, chargé de remettre aux Chan­ celiers des Cours allées un mémorandum sur la position difficile du Monténégro. Peu confiant dans les promesses Turques, le Prince désire­ rait obtenir, pour les arrangements qui seraient conclus, la garantie Européenne. Ce mode de procéder, dicté peut-être par la prudence, ne ferait que ralentir la marche des négociations. D’un autre côté, on ne saurait assurer la durée des bonnes dispositions de la Porte. Pour le moment elle semble sincèrement désireuse de dénouer pacifiquement la crise Herzégovinienne. N’ayant pas à se préoccuper de Nikschitch pendant plus de deux mois, Mahmoud et Rachid Pachas sont entière­ ment portés à mettre à profit ce temps pour s’entendre avec le Monté­ négro et avec les insurgés, s’ils s'adressaient au Grand Vézir ou au Valy (ca стране дописано, вероватно царевом руком: je crains que tout cela ne change avec la chute de Mahmoud). Toutefois, comme il est difficile de traiter avec les Chefs de bandes qui n’ont même pas de quartier gé­ néral et évitent d’entrer en rapports avec les Autorités Ottomanes, les Ministres désireraient entamer des négociations avec le Prince Nicolas et user de son influence pour amener la pacification. Quoique les Auto­ rités Austro-Hongroises soutiennent que des centaines des familles réfu­ giées demanderaient à rentrer, la Porte préfère rechercher la solution des difficultés Herzégoviniennes dans une entente directe avec le Prince du Monténégro.
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