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 guerre, mais d'une guerre qu’on serait obligé de faire simultanément au Monténégro, à la Serbie, à la Russie et à l'Autriche, et en donnant lecture du télégramme de Vienne renfermant la menace de la fermeture de Klek.
Le Cte Andrâssy me rappela également le refus qu’il avait opposé aux instances de la Porte de faire renvoyer les réfugiés sans délai, ainsi que la prolongation des subsides décrétée en faveur de ceux-ci, au vif déplaisir du Gorvemement turc.
Quant à la fermeture pour tout sur la frontière chrétienne, le Mi­ nistre me répliqua non sans amertume qu’elle existait si peu en réalité que sous les yeux mêmes des autorités austro-hongrois on fondait à Agram des canons et des cloches qu’on faisait écouler sur le territoire voisin, et qu'à tout prendre les insurgés passaient et repassaient la frontière autrichienne aussi librement que si elle n’existait pas pour eux.
Les télégrammes du matin ayant apporté la nouvelle du ravitail­ lement de Nikchitch opéré par Moukhtar-pacha, j’en profitai pour tenter un dernier effort au sujet de Klek.
Je m’adressai à la fibre la plus sensitive du Ministre, à son amour- propre politique.
Je lui fis observer que le succès de l’expédition turque, s'il se véri­ fiait, serait d’un effet moral pénible pour l’action médiatrice des Puis­ sances, pour la sienne surtout. Il avait abandonné à la responsabilité de la Porte toutes les conséquences qui en résulteraient: elle pourrait aujourd’hui lui dire qu’en les acceptant à ses risques et périls, elle avait été bien inspirée, puisque Nikchitch venait d’être ravitaillé, ce qui aurait pu ne pas avoir lieu si elle eût suivi les conseils de l’Autriche.
»Malheureusement, cela est vrai«, me répondit-il.
Plus que jamais, — continuai-je — les Turcs voudront profiter de leurs succès militaires pour écraser le Monténégro et si, restés maîtres du défilé de Douga, ils allaient recevoir des renforts par Klek, ils n’en seraient que plus tentés de renouveler l'expérience de 1862. en envahissant la Principauté de deux côtés à la fois avec des forces supérieures.
Pouvait-on rester sous le coup d’un échec moral aussi désastreux dans ses conséquences?
Le C,e Andrâssy me répéta ce qu’il avait déjà dit la veille. Les Turcs l’avaient trompé: il l’avait déclaré à Cettigné et il se sentait dès lors plus dégagé à leur égard, mais il manquait d’une base juridique pour entraver le mouvement de leurs troupes sur leur propre sol. Il parta­ geait, d'ailleurs, entièrement mes appréhensions quant à l’outrecuidance que la Porte pourrait puiser dans ses récents triomphes, et c’est parce qu’il la craignait qu’il tenait davantage encore à garder entre ses mains la réserve de Klek.
»Supposons«, me dit-il, »que dans nos explications d'hier, j’eusse cédé sur ce dernier point, je me trouverais aujourd’hui dans un cruel embarras devant des conséquences possibles des succès de Moukhtar- pacha. Après avoir joué ma dernière carte, il ne me serait plus resté, pour le cas d'une pression nécessaire sur le Gouvernement turc, que les voies de fait.
АВПР, K-126. Novikow 277























































































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