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Un télégramme du Cte Zichy, reçu à Vienne le 11./23. Avril, formu lait de la part du Gouvernement turc la demande que la Russie et l’Au triche voulussent bien engager le Prince Nicolas à prêter la main au ravitaillement de Nikchitch. Dans le cas où Son Altesse y répondrait d’une manière évasive, le commandant en chef des troupes turques aurait l’ordre d’entreprendre un nouveau mouvement pour forcer le passage de Douga.
Or, le Général Rodich transmettait simultanément de Zara un té légramme qu’il venait de recevoir du Prince de Monténégro et aux termes duquel les insurgés se montraient disposés à consentir à une nouvelle trêve, à la condition, d’abord, que les troupes ottomanes n’obtinssent pas de renforts et ne fissent pas de mouvement de concentration, ensuite que, par l’intermédiaire de l’Autriche, les autorités turques s’engageas sent à traiter avec les Chrétiens sur la base de leurs propositions.
Le Prince Nicolas, continuant ainsi son rôle d’intermédiaire-paci ficateur, se déclarait prêt, en même temps, à faire approvisionner Nik- ch:tch par la voie d’Ostrog dans la mesure stipulée lors de la première suspension des hostilités.
Désireux de faire aboutir l’armistice, le Ministre des Affaires Etran gères d’Autriche renouvela ses démarches à Constantinople à l’effet de contremander le nouveau mouvement d’Ahmed Moukhtar pacha puisque le Prince Nicolas consentait à faire arriver des vivres à la forteresse bloquée. Le Cte Andrâssy continua simultanément sa correspondance avec Cettigné pour inviter Son Altesse non seulement à laisser passer sur son territoire le convoi de vivres, mais encore à en assurer l’inviolabilité depuis sa frontière jusqu’à Nikchitch.
Quant aux clauses de l’armistice, le Ministre des Affaires Etrangères s’attacha à en modifier les termes selon les nécessités de la situation. La Porte se refusant à se laisser imposer par les Herzégoviniens les con ditions relatives au mouvement de ses troupes, pour ne pas reconnaître aux insurgés la qualité implicite de belligérant, on représenterait la pre mière de leurs demandes comme l’expression d’un voeu formulé par le Prince Nicolas lui-même à la suite des alarmes causées par les intentions belliqueuses du Gouvernement turc. La deuxième demande subirait une modification dans ce sens qu'il appartiendrait à la Russie et à l’Autriche de combiner leurs efforts à Constantinople pour faire accepter aux Turcs ce qu’il y avait de réalisable dans les propositions des chefs militaires Chrétiens.
Ma;s pendant que le Cabinet de Vienne s'épuisait en efforts pour réaliser la trêve, les dispositions fantasques du Sultan et de ses conseillers s’appliquaient à défaire le travail pénible de la diplomatie.
Par une série de télégrammes arrivés ici dans la matinée du 15./27. Avril, l’Ambassadeur d’Autriche à Constantinople annonçait que Nik chitch n’ayant plus de vivres que pour trois jours, le conseil des Mi nistres avait décidé et un Iradé du Sultan sanctionné une nouvelle ex pédition du commandant en chef des troupes ottomanes dans le but de ravitailler cette ville.
L’Ambassadeur de Turquie a de plus remis à la Chancellerie d’Etat un télégramme de Rachid-pacha annonçant que le général turc avait reçu l’ordre de sortir de Gatzko pour se porter, avec des forces suffisan
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