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ques. D’ailleurs, un envahissement du Monténégro, outre qu’il attri buerait au Gouvernement turc les torts de l’agression, entraînerait sans nul doute la Serbie à la guerre et, militairement parlant, ce serait tout bonnement absurde de se mettre sur les bras de nouveaux ennemis lors que déjà on ne pouvait venir à bout des insurgés seuls. L’intérêt de la Porte, aussi bien que celui de l’Autriche, était donc etièrement contraire à une invasion de la Montagne Noire. Si cependant l'on y persistait à Constantinople, on ne devait pas oublier que c’était une question d’hon neur pour le Cabinet de Vienne et que, malgré l’amitié personnelle qu’il portait au Sultan, L’Empereur et Roi devrait alors lui abandonner la responsabilité de toutes les conséquences. Il y aurait lieu d’examiner s’il ne conviendrait pas de revenir sur certaines facilités que l’Autriche- Hongrie avait accordées aux Turcs, notamment de fermer le port de Klek à leurs bâtimens (sic!).
Le Comte de Zichy avait l’ordre de lire textuellement ce télégramme à Mahmoud-Pacha, voire même, si la situation l'exigeait, de demander une audience pour en soumettre la teneur au Sultan en termes respec tueux mes fermes.
Le Ministre des Affaires Etrangères avait en même tems (sic!) té légraphié au Prince Nicolas pour Le rassurer contre les desseins de la Porte. Il lui avait fait connaître les ordres transmis à Constantinople en priant Son Altesse de vouloir bien, à son tour, donner des explications satisfaisantes sur son attitude afin que le Cabinet de Vienne fût à même, le cas échéant, de les opposer comme un démenti aux allégations de Moukhtar-Pacha.
Toutes ses dispositions avaient déjà été prises lorsque j’eus l’hon neur de recevoir vers le tard les trois télégrammes du Cabinet Impé rial qui se rattachaient à l’incident monténégrin.
Retournant le lendemain, 11./23. Avril, à la Chancellerie d’Etat, j'y appris par un télégramme du Baron de Langenau, la démarche que Votre Altesse avait bien voulu faire en conviant l’Europe à d'énergiques repré sentations à Constantinople.
J'y trouvai, en outre, un ensemble de nouvelles plus satisfaisantes.
Le Prince Nicolas venait de répondre au Ministre des Affaires Etrangères d’Autriche en protestant une fois de plus de la rectitude de Sa conduite. Aujourd’hui comme toujours, il avait maintenu strictement la neutralité; il n'y avait eu jamais dans les rangs des insurgés plus de 4. à 5. cents Monténégrins, encore n’avaient-ils obéi qu'à leurs propres inspirations en violant ses défenses sévères; ses 7000. sujets, participant aux combats de Douga avaient donc été inventés par Moukhtar Pacha pour pallier sa défaite. Si cependant la Turquie venait à attaquer le Monténégro, Son Altesse accepterait la lutte en se reposant sur les sym pathies des Puissances, la fermeté de Son peuple et la droiture de sa cause.
De son côté, l’Ambassadeur d'Autriche à Constantinople annonçait une certaine détente de la situation. Il télégraphiait que le Sultan ne songeait plus à attaquer le Monténégro; que le télégramme du Conte Andrâssy avait été lu in extenso au Grand Vézir qui s’en montrait sa tisfait comme d’un moyen d'action sur Sa Majesté Ottomane; que dans
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