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 Mon Prince,
Arrivé ici le 6./18. Avril, le Comte de Sanée m’a remis l’expédition que Votre Altesse a bien voulu m’adresser en date du 30. Mars, du 1. et 2. Avril.
Elle traitait une série de question importantes du jour parmi les­ quelles les contre-propositions des chefs Herzégoviniens se présentaient en première ligne.
Votre Altesse y définissait le point de vue du Cabinet Impérial. Elle trouvait qu’en rejet absolu et complet de toutes ces propositions ne serait pas strictement équitable’ qu’il faudrait trier et voir si dans le nombre il n’y en avait pas que les Cabinets pussent soutenir auprès de la Porte comme autant de garanties sérieuses de sécurité qu'on devrait ménager aux réfugiés à leur rentrée dans leurs foyers.
Tout en me prescrivant de préparer le terrain à l’entrevue de Berlin par de franches causeries avec le Cte Andrâssy, les instructions de Votre Altesse ne se prononçaient pas d’une manière précise sur l’étendue de ces garanties.
Dans ce cadre élargi ma tâche était toute tracée: elle consistait à obtenir du Ministre des Affaires Etrangères d’Autriche un maximum de concessions pour le rapprocher autant que possible de notre point de vue plus avancé en faveur des chrétiens.
C’est à quoi je me suis appliqué dans une série d'entretiens que j'ai eus avec Mr le Cte Andrâssy dans la seconde moitié de la semaine passée et dans la première de la huitaine courante et que sont venu interrompre à plusieurs reprises ses conférences avec les Ministres de Cis- et de Transléithanie sur les différends intérieurs de la Monarchie.
J’avais déjà exposé précédemment au Ministre des Affaires Etran­ gères les difficultés puisées dans le caractère purement théorique de l’adhésion de la Porte dans le manque d’argent et d’approvisionnements, dans la propension du Gouvernement turc à abandonner bénévolement à l’Europe le plus ardu de sa propre tâche. Je revins avec force sur ces argumens (sic!) en y ajoutant les assignations sur les caisses vides de la Bosnie et de l’Herzégovine et d’autres détails tirés de la correspondance de Votre Altesse.
Le C,e Andrâssy ne les nia pas. Il me dit qu’il déplorait l’inertie et la mauvaise foi des Turcs; qu’il était d’accord avec nous qu’ils n’avaient encore accepté les réformes qu’en théorie; mais que jusqu’ici il ne pou­ vait même pas en être autrement, attendu qu’il fallait avant tout que le pays fût pacifié. Tant qu’on se battait il n’y avait pas de contrôle pos­ sible sur la mise à exécution des points concédés par la Porte, et la commission mixte prévue dans la dépêche du 30. Décembre comme de­ vant garantir l’application sérieuse des réformes, ne pouvait pas non
plus être constituée avec quelque espoir de succès, car au lieu des notables du pays issus d’une élection libre, l’on y enverrait de Constantinople des Chrétiens au service des Turcs qui fausseraient le sens de cette insti­ tution.
D’après le Ministre, le travail d’apaisement ne pouvait se faire qu'en pesant sur les deux parties à la fois. Les Turcs avaient accepté en principe les demandes des Puissances; c’était le tour des insurgés de
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