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Sans formuler aucune exigence, ils se bornent à indiquer ce qui rendrait leur rapatriement sûr et rapide.
Ce sont les 4 points suivants:
1) Eloignement des troupes turques pour la durée du rapatriement, sauf les garnisons de quelques places fortes.
2) Matériaux pour la reconstruction des maisons et églises et pro visions pour la nourriture des habitants.
3) Surveillance des secours et en général du rapatriement par des Commissaires ou Consuls européens.
4) Permission de garder les armes, ainsi que leurs concitoyens mu sulmans.
Votre Altesse voudra bien remarquer qu’il n’y a, dans ces points, rent une lettre fort courtoise au Commandant en chef des troupes tur- verbale qu'Elle m’a fait l’honneur de ma faire. Je me réserve, en Lui transmettant la réponse des Herzégoviniens, de motiver et de développer chacun de ces points. Mais, je crois ne pas devoir tarder à enregistrer les adhésions les plus importantes qu’ils ont déjà rencontrées.
L’impossibilité de laisser les chrétiens sans défense en présence des musulmans armés est trop évidente pour ne pas être universelle ment reconnue. Mr le Comte Andrâssy a affirmé en ma présence qu’il n’en pouvait même pas être question. Il sera utile néanmoins de dissiper les doutes que font naître les proclamations de commandants turcs enjoi gnant aux Herzégoviniens de mettre bas les armes.
Les matériaux de construction et les approvisionnements avaient déjà été depuis longtemps promis par les autorités locales. Aussi est-ce avec désappointement qu’on a lu dans le firman additionnel la conces sion de semences seules. Tout le monde comprend que ce ne sont pas ces semences qui pourrait nourrir la population pendant les 18 mois qui se passeront avant qu’elles donnent leur fruit. Je viens de l'expliquer seulement à Vassa-Effendi, président de la commission chargée d'ap pliquer les réformes en Herzégovine; il en a été si convaincu qu’il m’a dit, en présence de hauts fonctionnaires turcs, qu’il donnera sa démis sion si l’on n’assure pas la subsistance de la population qui va rentrer.
Le 2me ainsi que le 4me point, seront facilement accordés par la Porte en principe. Ils ne deviendront une réalité et les chrétiens n’y ajouteront foi que si le 3me est adopté également. La surveillance euro péenne, si elle ne change pas la situation, servira au moins, ainsi que l'a dit le baron Roditch, de constater les faits qui arriveraient«.
Le lr point est le seul qui pourrait rencontrer à Constantinople des objections sérieuses. Plusieurs diplomates européens pensent néanmoins que son sort dépend entièrement de la manière dont il sera présenté. On ne voit pas en effet pourquoi les commandants des troupes turques, en vue d’éviter des collisions fâcheuses, n’assigneraient pas à leurs corps des quartiers éloignés des habitations chrétiennes ou ne les replieraient au delà d’une certaine zone, en n’y laissant que ce qu’il faut pour garder les places fortes les plus importantes.
J’ai eu occasion de discuter tous ces points dans des conversations confidentielles avec de hauts fonctionnaires ottomans, qui croyaient à leur admissibilité et n'y voyaient qu’en obstacle — l’ignorance où l’on se trouvait à Constantinople des réalités de la situation. »II faudrait«,
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