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 qui la passent, désarmés. Anly-Pacha signale toutefois l’apparition de quelques bandes du côté de Lubouchka, sur les limites Austro-Hongroises. Elles auraient brûlé un village et quelques corps de garde. Les renseigne­ ments du Consul d’Allemagne de Sarajévo sont pessimistes. Il semble craindre des massacres de Chrétiens. Mes informations personnelles cependant me portent à croire que l'insurrection dans le Nord de la Bosnie est insignifiante.
Wassa et Haidar Effendis sont arrivés à leurs postes. Ils vont s’en­ tendre immédiatement avec les autorités austro-hongroises pour la publi­ cation simultanée de la proclamation annexée à mon No 66. La Porte est disposée, cependant, a y ajouter une réserve, relativement aux hom­ mes valides, parmi les émigrés, qui ne rentreraient pas dans leurs foyers avant l’expiration du terme fixé par le Gouvernement. Beaucoup de ces individus voudraient, dit-on, en effet, attendre la tournure des événe­ ments et ne revenir qu’après le délai susmentionné. Ils seraient exclus de l’amnistie et ne jouiraient d’aucun des avantages accordés aux fugitifs. En réponse à l’observation de Rachid Pacha que leur (sic!) biens seraient en outre confisqué (sic!), je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer qu’ils n’avaient rien. Cette menace sera néanmoins probablement maintenue par le Conseil des Ministres.
J’ai déjà eu l’honneur d'informer Votre Altesse dans mon rapport sub No 6c que les quatre semaines accordées pour le retour des émigrés ne commenceraient à courir que du jour de la publication, sur les lieux, de la proclamation de la Porte. Cela fait tomber l’appréhension expri­ mée par le télégramme de Mr. Yonine, en date du 21 Février/4 Mars, que le délai en question daterait du 10 février. Votre Altesse voudra bien constater qu'il n’a jamais été question de rien de pareille (sic!) dans ma correspondance.
Je crois devoir signaler encore une fois la ferme intention de Mahmoud et de Rachid Pachas, de mettre les réfugiés, à leur rentrée en Herzégovine à l’abri de toute violence et de leur venir en aide par tous les moyens dont ils disposent.
Par suite des rapports de Daniche-Effendi sur l’impression dé­ favorable à la Turquie produite en Dalmatie par la nouvelle que la Porte offrait des concessions au Prince Nicolas, après la pacification des pro­ vinces insurgées, s’il consentait à y concourir, — Rachid-Pacha a été obligé, à contre-coeur, d’autoriser cet agent à la démentir. La pensée d’une entente avec le Monténégro n’en reste pas moins à l’ordre du jour dans l'esprit du Grand-Vézir et du Ministre des Affaires Etrangères. Je ne me fais pas faute de l’alimenter sans toutefois me commettre à aucune promesse de concours ou suggestion directe de notre part. C’est dans cet ordre d’idées que la Porte vient d’autoriser le Dr Kétchet à venir à Constantinople pour rendre compte des impressions de son voyage à Cettigné, ainsi que des appréciations d’Aaly-Pacha sur la situ­ ation. Je crains cependant que les offres du Gouvernement Ottoman, si elles se produisaient, ne viennent trop tard et que le Prince Nicolas n’allègue ses engagements avec la Serbie pour les repousser. Il ne faut pas non plus se faire illusion sur l’importance et l’étendue de ces offres, qui ne sauraient, en aucun cas, dépasser des proportions fort modestes ni épuiser les espérances de la Montagne Noire.
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