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 Mon Prince,
Conformément à l’autorisation que Votre Altesse a bien voulu m’en donner par Son télégramme du 6./18. Février, j’ai confié au Ministre des Affaires Etrangères d’Autriche, les avertissements transmis aux Princes de Serbie et du Monténégro par suite de la mission du Sénateur Ranko Alimpich.
Déjà informé du fait de cette mission, le Comte Andrâssy me re­ mercia de la communication des démarches prescrites aux Conseillers d’Etat Actuels Jonine et Kartzow et il en prit note pour y conformer son propre langage à Belgrade et à Cettigné. Dans ce dernier centre, la parole sera portée par le Baron de Rodich, mais un télégramme l’y pré­ cédera.
J’ai fait observer que, cette fois, c’était la Serbie qui jouait le rôle du tentateur, tandis que le Monténégro, selon nos dernières nouvelles,
semblait sincèrement converti au désir de la paix.
Le Ministre me dit qu’il voyait dans le Prince Milan un instrument
plutôt qu’un complice de l’action de son Cabinet, car, d’après les in­ formations reçues à la Chancellerie d’Etat, le choix même d'un ancien militaire pour négociateur à Cettigné aurait été fait par le Gorvernement Serbe contre le gré de Son Altesse.
Je tiens, en effet, de l’Agent de Serbie que Mr Alimpich, bien qu’élève d'un institut militaire de Berlin et ancien officier en Prusse, avait tou­ jours été considéré par le défunt Prince Michel comme tête chaude complètement inapte au service et capable de désorganiser la discipline par l’exaltation de ses théories politiques.
Quoiqu’il en soit, le Prince de Wrede qui se trouvait en congé à Vienne, a été réexpédié à son poste de Belgrade avec l’instruction de déclarer au Prince Milan que si Son Altesse se laissait entraîner dans des aventures. Elle ne perdrait pas seulement les bonnes grâces des Puissances qui Lui avait values jusqu'ici son attitude de réserve, mais s’exposerait encore à une chute inévitable et bien plus certaine que ne la risquerait, pour sa part, le Prince Nicolas dans des conditions iden­ tiques.
Ayant reçu dans l’entretems (sic!) le rapport de notre Consul Général à Raguse du 31. Janvier, No 54, je me suis permis de communiquer au Comte Andrâssy, à titre d’épanchement personnel, quelques détails de la mission de Kétchet. Je lui ai dit que dans les propos de ce messager ainsi que dans les cessions territoriales qu’il avait fait entrevoir au Prince de Monténégro, celui-ci avait cru démêler l'arrière-pensée de le compromettre vis-à-vis de l’Autriche et y avait répondu avec une sage retenue.
Le Ministre parut étonnné d’apprendre que l'initiative des propo­ sitions étaient (sic!) venue de Kétchet, ses informateurs lui ayant jusqu’ ici affirmé le contraire — mais il admit volontiers l’intention d’un piège de la part des Turcs.
Mes confidences avaient eu pour but de constater, aux yeux de mon interlocuteur, l'attitude loyale du Prince Nicolas à l’égard de ГAu­ triche-Hongrie.
АВПР, K-126. Novikow 104






















































































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