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préoccupait d’autant plus le Sultan que les nouvelles de la Serbie et surtout du Monténégro devenaient de plus en plus inquiétantes. Il était évident qu’Abdul-Aziz revenait encore une fois à son ancienne idée — la nécessité d’occuper militairement les deux Principautés. Mahmoud eut le courage de répondre par écrit et de la manière ia plus catégorique que — vu la situation politique générale — il croyait que l’intérêt de l’Empire exigeait une prompte solution des difficultés diplomatiques et qu'à cet effet il sollicitait instamment la sanction immédiate de la décision du Conseil des Ministres relative aux propositions des Puis sances, à moins que »Sa Majesté ne connaisse un autre moyen de paci fier le pays révolté«; que pour sa part il l’ignorait et que dans tous les cas il n'avait qu'à attendre les ordres qu’on voudrait lui transmettre — formule que les Turcs emploient vis-à-vis du Sultan pour témoigner leur désapprobation dans l’attente d’une démission prochaine.
Mahmoud-Pacha àtait persuadé, qu’après cette démarche, le Sultan serait obligé soit de faire émaner l’iradé sans plus de retard, soit de nommer un nouveau Grand-Vézir. Cependant rien ne fut décidé jusqu’à Dimanche matin. Rachid-Pacha renouvela alors la tentative du Grand Vézir en se rendant au Palais. Il eut un long entretien tant avec 1e Premier Secrétaire qu’avec le Premier Chambellan et tâcha à faire com prendre, par leur entremise, au Sultan que le seul moyen d’éviter les complications les plus graves était l’acceptation des propositions des Grandes Puissances.
La démarche du Ministre des Affaires Etrangères jointe au billet du Grand-Vézir a finalement décidé le Sultan à sanctionner l’iradé, Di manche, le 1/13 Février, entre une et deux heures de l’après-midi, ainsi que j’ai eu l’honneur d’en informer Votre Altesse le jour même. Hier soir mes Collègues et moi nous recevions la note circulaire de la Porte depuis si longtemps attendue, ainsi qu’une copie des instructions adres sées par Rachid-Pacha aux Représentants Ottomans concernant l’accep tation des réformes demandées pour l’Herzégovine et la Bosnie. J’ai immédiatement transmis à Votre Altesse par voie télégraphique un ré sumé de ces pièces que j’ai l’honneur aujourd’hui de joindre ci-près en copie. Les notes de la Porte aux Ambassadeurs d’Autriche-Hongrie et d’Allemagne sont identiques à celle que j’ai reçue. Quant aux pièces adressées aux Représentants des trois autres Puissances elles n'en dif férent que par une légère nuance de rédaction, en mentionnant les pro positions formulées par les trois Empires et auxquelles ces Puissances se seraient associées.
Les instructions de Votre Altesse me prescrivaient d’exiger de Rachid-Pacha une réponse écrite à notre communication, sous la forme d’une note à l’Ambassade annonçant que la Porte adhère aux propositions des Puissances, se déclare fermement résolue à les exécuter et à faire connaître cette résolution aux Cabinets de la manière la plus expresse. Ainsi que Votre Altesse voudra bien le relever du contenu des pièces ci-jointes l'engagement pris par la Porte à notre égard est formel et positif. La note circulaire qui nous est adressée, à mes Collègues et à moi, déclare que le Sultan a ordonné »la mise immédiate en exécution« en Bosnie et en Herzégovine des quatre points formulés dans la pro position des Puissances, le cinquième ayant reçu certaines modifications
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