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 Il avait été fort content de Lord Salisbury qu’il avait trouvé reli­ gieux et pacifique et désireux d’amener à Constantinople une entente entre les Puissances. Il y sera rendu lundi prochain et prêt à entrer im­ médiatement en pourparlers. D'après ce que m’a confié Lord Odo Rus­ sell, les instructions de Lord Salisbury envisagent toutes les questions, soumises à la conférence dans les moindres détails. Une entente serait donc possible.
Le Gouvernement anglais aurait fait savoir d’autre part à la Porte qu'en cas de refus de sa part d'accepter l'accord et le programme inter­ venus entre les Puissances, l’Angleterre l’abandonnerait à son triste sort. Cette déclaration lui aurait été faite dans les termes les plus péremptoi­ res et les plus catégoriques (ca стране, руком вероватно Горчакова, напомена: je doute qu'Elliot s’en soit acquitté).
Mais mon Collègue Britannique ne m’a pas caché que Lord Salisbury était contraire à toute occupation et que, sans le moindre doute, la grande difficulté serait de la faire accepter par le Gouvernement et l'opinion publique Anglais, si elle devenait nécessaire. C’est à son sens le grand danger de la situation.
Malheureusement Lord Odo Russell redoute les déterminations du Gouvernement Ottoman. Ses nouvelles le représentent comme belliqueux. Elles lui sont confirmées par des voyageurs Anglais, Lord Campbell et Mr Ottway, arrivant de Constantinople et actuellement de passage à Berlin.
Mon collègue Britannique en voit une nouvelle confirmation dans la nomination d’Edhem Pacha, qui était également on ne peut plus bel­ liqueux. Il l'avait vu la veille de son départ. Cet Ambassadeur lui avait dit: pourquoi ferions-nous des concessions qu’on n’a pas le droit de nous demander. Nous avons une armée nombreuse et magnifique; de bons gé­ néraux; un armement excellent; nos places fortes du Danube dans un état meilleur qu’autrefois. Notre position militaire n’a jamais été aussi bonne. Pourquoi céder. Il vaut mieux lutter jusqu’au dernier homme.
J’ai appris à cette occasion qu’Edhem Pacha était parti furieux de Berlin de n’avoir été reçu, avant son départ, ni par l’Empereur et Roi ni par le Chancelier.
Ces différentes confidences de mon collègue d’Angleterre m'amè­ nent à la conclusion que la Porte refusera probablement le programme des Puissances, si elles parvenaient à en formuler un.
Le reste de notre entretien a porté sur les impressions emportées d’ici par Lord Salisbury. Il a été très touché des politesses dont il a été l’objet et de l’accueil qu’il a reçu à Berlin, mais est parti édifié sur les dispositions du Gouvernement Allemand qui se désintéresse des affaires d’Orient.
»L'on ne veut jamais croire chez nous«, m’a observé Lord Odo, »que l’Allemagne n’a ni d’intérêts directs en Orient ni des appréhensions quant au Danube«.
Lord Salisbury aura pu s’en convaincre. Il a du reste observé à Lord Odo que son voyage ...
АВПР, K-19.
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