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Monieur le Chancelier,
Autorisé par Votre télégramme responsif du 24. Septembre/9. Oc tobre, je me suis empressé de donner lecture à Mr de Bülow de Votre lettre à Mr de Nowikow du 14. Septembre dernier.
J’avais cru utile de procéder à cette communication, pour expliquer au Cabinet de Berlin les motifs des ordres contradictoires transmis dans le tems (sic!) à Mr de Nelidow; confirmer une fois de plus notre point de vue au sujet des institutions à obtenir pour les populations chrétiennes de la Turquie; pour lui prouver enfin, par notre consente ment éventuel à la démonstration navale des Puissances européennes à Constantinople, le constant désintéressement de la politique du Gou vernement Impérial.
J’ai complété communication en m’inspirant du télégramme de Votre Altesse, également du 24. Septembre/6. Octobre, précisant ces mêmes vues, ainsi que l’intention inébranlable du Gouvernement de l’Em- pereur, d’assurer par des institutions sérieuses la position des Chrétiens d'Orient.
Mr de Bülow m’a été fort reconnaissant de cette communication qui le mettait à même de connaître exactement les points de vue du Cabinet Impérial.
Mais je ne lui ai pas laissé ignorer en même tems (sic!), que nous aurions voulu voir déployer un peu plus d’énergie aux Gouvernemens (sic!) amis et alliés dans l'assistance qu’ils prêtaient à nos démarches à Constantinople. Je lui ai demandé notamment s’il était enfin à même de me donner une réponse positive sur notre proposition relative à l’ar mistice à imposer aux deux parties.
Mr de Bülow me dit qu’il était en mesure de le faire et qu’il voulait précisément s’en acquitter vis-à-vis de moi. L’Empereur et Roi approuvait complètement l’idée de cet armistice et sympathisait sous tous les rap ports avec notre proposition. Le Secrétaire d'Etat venait en conséquence de transmettre l’ordre à M1 de Werther, d’appuyer ce nouvel et suprême effort.
Il croyait inutile de faire la même démarche à Belgrade où le Ca binet de Berlin se plaisait à nous réserver toute action directe.
— Et si les Turcs refusent de nouveau, dis-je à Mr de Bülow, quelle sera l’attitude des Puissances?
— C'est ce que nous nous sommes également demandé, mais sans trouver de réponse à cette question, me répondit il. Nous attendons les décisions ultérieures des Puissances.
Le Secrétaire d’Etat a fait allusion encore à de nouvelles propo sitions de l’Angleterre qui aurait maintenant l’idée de déclarer à Constan tinople qu’elle abandonnera la Turquie à son triste sort, dans le cas où le Gouvernement turc repousserait de nouveau l’armistice.
Mais Mr de Bülow m’en parla dans des termes tellement vagues et évasifs, que je n’ai pas cru pouvoir faire mention de cette intention du Cabinet anglais dans mon télégramme du 25. Septembre/7. Octobre ren dant compte de cet entretien.
Si elle subsiste, les nouvelles directes de Londres en auront sans doute déjà informé le Cabinet Impérial.
ЛВПР, K-19. d’Oubril 602