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Un démembrement de la Serbie ou une atteinte à sa position indé pendante étaient, selon lui, évidemment hors de question.
Si la Porte exigeait le droit de garnison à Belgrade ou sur d’autres points fortifiés de la Serbie, sous prétexte de se garantir contre une récidive d’agressions, l’on devrait lui objecter qu’une mesure, loin d'at teindre le but indiqué, servirait au contraire de cause perpétuelle aux
conflits.
La Turquie pourrait encore insister sur une limitation de l’armée
Serbe; mais une telle mesure n’aurait guère de portée pratique, vu la modicité de l’effectif que la Serbie avait sans cela dans les cadres de son armée régulière en temps de paix, tandis qu’en temps de guerre ce petit Etat ne pouvait agir que par une levée en masse.
Resterait la question de l’indemnité, Mais ici encore toute exigence exagérée se trouverait limitée par l’impossibilité pratique de tirer d’un Etat qui n’était ni grand ni riche plus qu’il ne pouvait donner, surtout après avoir été épuisé par un effort suprême. Ce serait donc tout au plus une certaine augmentation du tribut payé à la Porte qu'on pourrait lui concéder.
Par rapport au Monténégro, M. le Duc Decazes me dit qu'il main tenait son opinion exprimée dès le début des complications en Orient, à savoir que ce n’est qu’en donnant à la Montagne Noire un certain agrandissement territorial et un débouché sur la mer, si nécessaire à sa prospérité, que l’on pourrait pacifier d’une manière plus ou moins durable, cette petite Principauté qui avait si valeureusement combattu.
La Porte devrait le comprendre dans son propre intérêt et les Puissances, selon M. le Duc Decazes n’auraient pas de grande difficulté à tomber d’accord sur ce point. Il possédait entr’autres, me dit-il, une dépêche du Mr d’Harcourt datée d’il y a déjà plusieurs semaines, qui prouverait qu’il n’y avait point lieu de s’attendre à une objection prin- cipielle (sic!) de la part de l’Angleterre quant à un agrandissement du Monténégro.
Enfin, pour ce qui regarde l’Herzégovine et la Bosnie, M. le Duc Decazes me dit qu'à son avis l’Europe avait un point de départ tout naturel pour exiger l’amélioration du sort de ses (sic!) Provinces dans les engagements pris à ce sujet par la Porte. Ces engagements n’avaient pu être invalidés par la guerre turco-serbe et subsistaient dans toute
leur force, ayant été pris vis-à-vis de l’Europe qui n’avait ni fait la guerre, ni été battue par les Turcs.
M. le Duc Decazes fit allusion à l’échange d'idées qui avait eu lieu sur le sort éventuel des provinces insurgées entre l’Ambassadeur de l’Em- pareur à Londres et le Cte Derby, au moment où la guerre éclatait. Il en avait eu connaissance et m'a paru vouloir se placer précisément sur le terrain de ces échanges d’idées; c’est-à-dire l’indépendance pour les provinces insurgées, dans le cas où le sort des armes aurait favorisé les Slaves, et dans le cas de leur défaite, — le sort des Crétois.
Cependant, M. le Duc Decazes désirerait que ce sort fût pratique ment amélioré autant que possible.
En conclusion, M. le Ministre des Affaires Etrangères me dit qu’il avait parlé dans le sens de ce qui précède avec Lord Lyons et Sadyk Pacha.
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