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 sadeur d’Angleterre se dit également obligé de se mettre en rapports avec le cabinet Britannique, quoique selon les informations du Comte Zichy, Sir Henry Elliot devait être muni d’instructions précises et catégoriques à ce sujet. Il fut convenu alors d’adresser un télégramme identique aux cours respectives pour bien établir la nature et la portée de la démarche projetée. Deux points y provoquaient des discussions. L’Ambassdeur Britannique ne se croyait pas autorisé à parler au nom du Monténégro. Il élevait en outre des doutes sur la possibilité de comprendre dans la demande de suspension d’hostilités que nous faisions les insurgés au sujet desquels le Comte Zichy possédait des instructions très catégori­ ques. La pièce dont était muni l’Ambassadeur d'Autriche-Hongrie lui prescrivait également de demander à la Porte quelles seraient ses condi­ tions pour conclure la paix. Mais il se décida à ne point poser cette question immédiatement afin de ne pas rompre l’union de notre action et ne pas encourager la prédilection des Turcs pour la discussion im­ médiate des conditions de la paix, tandis que nous devions avoir en vue
avant tout la cessation, aussi prompte que possible, des hostilités.
Le lendemain du jour de notre réunion Sir Henry Elliot com­ muniqua à ses Collègues le texte d’une dépêche qu’il venait de recevoir
de Lord Derby et qui lui prescrivait »de proposer immédiatement à la Porte un armistice d’au moins un mois ayant pour but (with the view of) la discussion immédiate des conditions de paix«. L’armistice devra comprendre tous les combattans (sic!), ajoutait la dépêche. Vous en informerez Vos collègues et demanderez leurs appui«. Mais avant même de nous en instruire Sir Henry fit faire une démarche en conséquence par le premier Drogman de l'Ambasade Britannique. Il se rendit hier lui même chez Safvet et Midhat Pachas pour les en entretenir et le soir nous tînmes chez lui une nouvelle réunion. Il nous informa à cette occasion que le Ministre des Affaires Etrangères Ottoman avait promis de soumettre la proposition du Gouvernement Britannique au Conseil des Ministres, mais que la Porte se montrait en général peu disposée à consentir à un armistice seul sans qu’on établit simultanément les bases de la paix. Ayant été sur ces entrefaites muni à mon tour des précieuses directions de Votre Altesse, je proposai d’appuyer dès le lendemain la démarche de Sir Henry Elliot conformément au plan de l’action convenu en accentuant seulement d’une manière plus catégorique la demande d’armistice que nous étions chargés de formuler. On s’arrêta donc sans difficulté à la rédaction de l’aide mémoire ci joint qui va être remis aujourd’hui par les cinq Représentans a (sic!) Safvet Pacha. Votre Altesse voudra bien relever que les conditions de la paix future devant être abandonnées à une entente des Puissances, il n’en a même pas été fait mention dans cette pièce. Mais pour remplir les ordres très précis du Comte Andrassy l’Ambassadeur d’Autriche-Hongrie s’est réservé de demander d’une façon privée è Safvet Pacha à quelles conditions la Porte consentirait à conslure la paix, tout en établissant nettement que cette question était entièrement indépendante de notre démarche officielle.
Je compte, pour ma part, essayer de voir demain le Grand Vizir et ne manquerai pas de soumettre à Votre Altesse le résultat de ces entrevues successives par le télégraphe.
АВПР, K-31. Nélidow 519





























































































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