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 avec une garnison Ottomane, ainsi que l’occupation par les Turcs de quelques autres points fortifiés sur le territoire Serbe.
L’opinion générale en France ne va pas jusqu’à formuler aussi catégoriquement que le fait Mr Thiers le désir de voir un Pacha à Bel­ grade, mais elle n’en paraît pas moins partager, en principe, le point de vue de l’illustre homme d’Etat.
Ce n’est qu'en tenant compte, dans une juste mesure, de ce courant de l’opinion publique que l’on pourrait, à mon humble avis, se mettre à l’abri de toute surprise quant à l’attitude définitive du Gouvernement Français au moment où il s’agira de prendre une décision pour régler les complications actuelles de la Péninsule Balcane (sic!).
Les hommes d’Etat qui sont à la tête des affaires en France et particulièrement celui qui dirige actuellement ses relations étrangères se rendent certainement compte de l’intérêt de la France à se rattacher à la Russie en posant l’entente avec nous pour base de sa politique. Mais ces hommes d’Etat, quelles que soient leurs convictions, sont obligés, dans un moment donné, de tenir compte de l’opinion générale qui s'im­ pose parfois en France avec d’autant plus de vigueur qu’elle est peut-être, plus que partout ailleurs, sujette à des variations subites.
Préoccupée, ces derniers temps, presqu’exclusivement (sic!) des affaires intérieures, cette opinion ne faisait sentir son influence que très modérément dans la politique extérieure, mais le courant qui la domi­ nera pourra s’imposer à chaque moment critique et entraîner le Gou­ vernement Français.
Au début des événements qui se déroulent dans la Péninsule des Balcans, Mr le Duc Decazes n’avait cessé de garder l’attitude correcte adoptée lorsque la tranquillité régnait encore en Orient et qui consistait à y prêter en tout point l’appui de la France à la politique de la Russie.
Il y eut même un moment où le Ministre des Affaires Etrangères semblait aller au delà de notre programme, en insinuant que, tout en s’inclinant devant la sagesse et la prudence de la ligne de conduite adoptée par la Russie, il jugeait le moment opportun pour obtenir, au moyen d’une pression énergique sur la Porte, des avantages réels en faveur de la Serbie et du Monténégro.
C’était là ce que l’on pourrait appeler la première phase de l’at­ titude de la France dans les complications Orientales.
Une certaine modification se fit sentir dès le moment où l’Angle­ terre entra en lice à l’occasion du Mémorandum de Berlin.
Partagé entre le désir sincère de marcher d’accord avec nous et le sentiment que se manifestait contre toute séparation de l'Angletere sur le terrain de l’Orient, Mr le Duc Decazes fut naturellement poussé à employer tous ses efforts dans le but de concilier notre politique avec celle de l’Angleterre en se plaçant, pour ainsi dire, à mi-chemin entre- elle et la Russie.
Ce fut un (sic!) seconde phase dans l’attitude de la France.
Reste à savoir quel parti elle prendra au moment décisif, où il sera nécessaire de régler définitivement les comptes des complications actuel­ les en Orient.
Lorsque ce moment sera venu, Mr le Duc Decazes, on peut l’af­ firmer, n’hésitera pas à exercer l’influence de la France en faveur des populations chrétiennes de la Turquie et des Principautés qui sont
32 Русија и босанско-херцеговачки устанак II
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