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proie à des paniques inexplicables. Il en résulte que souvent les combi naisons stratégiques les plus habiles des commandants serbes sont entiè rement déjouées par l’attitude inattendue que prennent leurs troupes au moment de l’action.
Pour consolider sa population, le Cabinet actuel a cru de son inté rêt de pousser le pays dans la guerre et y a violemment entrainé le Chef de l'Etat. Mais ni sa froide proclamation, ni aucun de ses procédées n’ont parlé à l'imagination du paysan brusquement arraché aux travaux agricoles.
Par soummission (sic!) passive à l’ordre de son Prince il est docile ment Venu prendre sa place dans les rangs, sans pour cela avoir pu d’emblée se transformer en soldat, ni acquérir le sentiment de l’honneur du drapeau.
Pour éveiller le courage du Serbe il s’agirait de savoir le prendre, de faire battre en son coeur certaine fibre qui y reste le plus souvent muette, d’y provoquer certaines dispositions morales, de mettre devant ses yeux en relief sa logique de la lutte où il est appelé à risquer sa vie. C’est ainsi que sur l’ordre d’évacuer Zaïtchar le bataillon formé des habitants de cette ville déclara qu’il y resterait même tout seul pour la défense de ses foyers. On dut les faire cerner par toute une brigade et le désarmer violemment pour se décider à suivre le reste des troupes.
Et cependant dans les hôpitaux (sic!) les médecins constatent que plus de la moitié de leurs clients ont été blessés soit dans le dos, soit dans la plante du pied.
Les troupes turques bien entretenues et parfaitement armées, sont à l’occasion tout aussi sujettes à la panique et très molles dans l’attaque; aussi, dans le courant de toute cette guerre, n’y a t-il eu encore aucune rencontre à l'arme blanche ni d’attaque à la baïonnette. Les combats se bornent au feu d’artillerie et à la fusillade et le champ de bataille reste à celui qui y fait preuve de plus de fermeté! Les officiers otto mans à l’exception de quelques chefs supérieurs, sont tous des ivro gnes, et si les Serbes avaient voulu profiter des nombreues exemples offerts par la guerre de l’indépendance hellénique où un Botzaris avec une centaine de braves s’introduisait nuitamment dans le camp turc et semait l’épouvante chez un ennemi cent fois plus nombreux, ils au raient pu déjà avoir obtenu des résultats bien différents de ceux qui ont amené leur situation actuelle. Mais en vain Tcherniaëw essaya deux ou trois fois d’emmancher de pareilles expéditions. Appelés aux armes dans la nuit, les Serbes se déclaraient avec la plus grande simplicité incapables de marcher au milieu des ténèbres et courant, disaient-ils, le risque de s’entre-tuer s’ils en arrivaient aux mains avec l'ennemi.
Cependant Tcherniaëw semble espérer encore dans l’assistance de nos compatriotes qui depuis quelque temps commencent à affluer chez lui et il croit en avoir bientôt un assez grand nombre pour pouvoir don ner un officier à chaque compagnie. En effet il ne serait guère impos sible qur ces nouveaux cadres ne contribuassent à changer la face des choses en éveillant dans les Serbes certains sentiments d’émulation et de pudeur militaire excluant tout acte de lâcheté (sic!) sous les yeux d’un officier étranger.
Enfin, quant au soulèvement des Bulgares sur lequel le Gouverne ment de la Principauté avait basé de si grandes éspérances (sic!), il lui
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