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 M1 Gladstone a été encore plus résérvé lorsqu’il s'est agi de la so­ lution possible des complications actuelles. Il a reconnu l’extrême dif­ ficulté d’en trouver une et a dit qu’il pouvait seulement indiquer la direction dans laquelle on devait la rechercher. Selon lui, ce serait dans l’autonomie des groupes slaves exclusivement qu’on pourrait la trouver sans renoncer au maintien de l’intégrité de l’Empire Ottoman. Il a cité les exemples de l’Egypte, de la Syrie, de la Roumanie et de la Serbie à l’appui de son raisonnement.
Il n’a pas été difficile à Mr Disraeli de répondre au discours de son adversaire si plein de ménagemens (sic!) à son égard.
Il commença par dire qu’il regrettait qu’on ait parlé des soi disant massacres de Bulgarie, sujet pénible et qui n’avait rien de commun avec l’objet principal du débat. Pour donner à Votre Altesse une idée de la légèreté et du cynisme avec lesquels le Premier Ministre parle d’un sujet aussi grave, je me bornerai à rapporter une des facéties au moyen desquelles il a cherché à se tirer d’affaires. Faisant allusion à un rapport du Consul anglais de Rustchuk, publié dans le dernier blue book, il a dit que quand on citait des chiffres qui variaient de 5 à 35 mille, il était difficile de se former une idée exacte du nombre des victi­ mes, surtout si l’on prenait en considération que dans les pays les plus civilisés et ayant une police parfaitement organisée, on entendait quel­ quefois parler d’une réunion de plus de 100.000 hommes qui, vérifica­ tion faite, ne se trouvait avoir été que de douze mille. Plus loin, il quali­ fie les atrocités commises en Bulgarie d’imaginaires. Il regrette qu’on ait parlé avec dédain de l’individu chargé de faire l’enquête, car il a toute la confiance de l'Ambassadeur Britannique à Constantinople qui, à son tour, jouit de toute celle du Cabinet Anglais.
Mr Disraeli a parlé longuement sur le développement de la crise orientale, la mission des consuls, la note Andrâssy et le mémorandum de Berlin, et s’est attaché à démontrer que l’Angleterre n'était pas isolée et n’avait pas rompu le concert européen. S’il y avait eu momentanément divergence avec les cinq grandes Puissances, c’étaient celles-ci qui étaient revenues à l'Angleterre ayant adopté le principe de non intervention qu’elle avait mis en avant dès le début. La guerre que la Serbie a dé­ clarée à la Puissance Suzeraine avait pour objet un accroissement terri­ torial et ne pouvait être considérée comme une conséquence de l'insuccès du mémorandum de Berlin qui ne la concernait en rien. La Serbie est pour ainsi dire aussi indépendante de la Turquie que l’Angaleterre elle- -même et n’a rien à voir dans ce qui se passe dans les provinces insurgées.
Cette négation de toute solidarité entre les Chrétiens d'Orient est curieuse dans la bouche du Chef du Cabinet Anglais.
Pour ce qui est d’une action prompte recommandée par Mr Glad­ stone, le Premier Ministre ne croit pas qu’elle soit désirable tant qu’on n'aura rien de défini à proposer aux belligérens (sic!). Il a dit vague­ ment que l’Angleterre s’entendrait certainement avec les autres Puis­ sances quand le moment serait venu et qu’on chercherait une solution qui aurait pour résultat l’amélioration du sort des Chrétiens. Il n'a pas indiqué toutefois de quelle façon on en arriverait à ce dénoument. Il s’est borné à observer qu’il était très difficile de concilier le maintien de l’intégrité de l’Empire Ottoman avec des modifications à son status quo politique.
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