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presque alarmée. On craint que la guerre Serbe ne deviene une cause de la rupture de notre entente avec le Cabinet de Vienne, dont on sait les intérêts diamétralement opposés aux nôtres dans cette question. Il y a en effet telles solutions que l’Autriche-Hungrie semble ne pas vouloir admettre, et qui pourtant pourraient découler naturellement de la marche des évènemens (sic!). Ainsi, de l’aveu même du Comte Zichy, un écra sement de la Serbie et un massacre des Chrétiens près de la frontière Austro-Hongroise produirait parmi les Slaves de la Hongrie une dange reuse agitation. D’un autre côté, le Baron de Werther pense que le Ca binet de Vienne ne saurait admettre la réunion de la Bosnie à la Serbie, ce qui pourrait résulter des succès Serbes.
Il faudrait donc, pour prévenir des tiraillemens (sic!) entre les Puissances qu’une entente s’établisse entre elles dès à présent pour la réunion d'une conférence. Les Turcs semblent s’y attendre déjà sur la foi des données anglaises, et, confians (sic!) dans le triomphe de leurs armes, espèrent lui fournir des faits accomplis à enregistrer, comptant, en cas de revers, sur le soutien du Cabinet de Vienne. Il est incontestable que les décisions d’une conférence Européenne seraient difficilement capables d’amener des solutions radicales. Mais si les succès trop éclatans (sic!) des Serbes donnaient effectivement de l’ombrage à l'Empire des Habsbourg et le poussaient à une intervention active et isolée ou bien que les Turcs, enivrés par le succès, devinssent intraitables, et se livras sent à une répression trop inhumaine, l’action modératrice de Puissances serait parfaitement à sa place. Des propositions élaborées d’avance au raient dû être faites aux deux parties dans un moment donné avec une unanimité absolue, afin de rendre inutile une occupation Austro-Hon groise ou appliquer des mesures efficaces pour arrêter les massacres. C’est là-dedans que gît le côté ardu de cette mission pacificatrice et humanitaire. Il est évident que si c’etaient les Chrétiens qui avaient le des sus, l’action collective des Puissances ne pourrait que nuire à leurs succès, mais elle les garantirait aussi éventuellement contre de trop grands mal heurs, en cas de revers de la fortune, et contribuerait toujours à éviter des complications Europénnes qui menaceraient de surgir à la suite d’une trop grande extension de la question d’Orient.
D’après ce qui me revient, Lord Derby aurait dit aux Ambassa deurs d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie que les Puissances devront laisser faire pendant trois semaines, et ne pourront intervenir qu’après. Un terme analogue a été assigné par lui au Cte Schouwalow pour laisser les Turcs se débrouiller tous seuls. Répondrait-il à la durée de la »sai gnée« que Mr Disraeli croit nécessaire, ainsi qu’il l’a dit à notre Ambas sadeur à Londres, pour arriver à des solutions radicales: l’indépendance de la Serbie, si elle reste victorieuse, sa soumission plus profonde dans le cas contraire? Ou bien, se basant sur les données partiales fournies par Sir Henry Elliot, le Cabinet de Londres pense-t-il que trois semaines suffiront pour assurer le triomphe définitif des forces Ottomanes?
C’est évidemment à ce dernier résultat que s’attendent les Anglais. Mais ils paraissent fonder leurs calculs sur de fausses données, et ne pas prévoir que la question risque de sortir des limites restreintes qu’ils voudraient lui assigner.
Il n’y a en effet pas à se faire d’illusions; la guerre Turco-Serbe, compliquée d’une participation Monténégrine, peut dans certaines con
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