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vernement turc d’accorder au Prince Milan l’administration de la Bo snie et au Prince Nicolas celle de l’Herzegowine, — semblent prouver que l'on se sent fort à Belgrade et que l’on y est décidé à affronter les plus rudes difficultés.
Ces décisions modifient essentiellement la situation antérieure.
Dans ces conditions, Mr de Radowitz désirait apprendre si le Ca binet Impérial maintenait son projet de protestation à Constantinople, que le Comte Andrâssy ne croyait plus admissible, l’attaque ne venant plus de la Turquie.
Le Cabinet de Berlin sollicitait de plus à être renseigné sur l’accueil que rencontrait de notre part la proposition du Gouvernement français, consentie par l’Angleterre, de tenter une nouvelle démarche de concilia tion à Belgrade.
Ces détails faisaient l’objet de mon télégramme à Mr le Chance lier du 19. Juin/1. Juillet.
Le lendemain j'eus la visite de Mr de Radowitz. Il vint me faire part des décisions prises dans ces différentes questions par l’Empereur et Roi à Ems, et dont il avait reçu l’ordre de m’entretenir. Elles ont motivé mon télégramme du même jour à Mr le Prince Gortchacow.
Il en résulte, Sire, que le Cabinet allemand:
Г) acepte pour sa part le principe de non intervention proposé par le Cabinet de Votre Majesté Impériale;
2°) qu’il croit toutefois devoir s’abstenir de la protestation suggé rée par nous à Constantinople, parcequ'elle ne répond plus à la situa tion actuelle et que le Gouvernement austro-hongrois la décline égale ment; et
3°) que le Comte Bray à Belgrade a reçu par anticipation l’ordre de s’associer à toute nouvelle démarche de conciliation, dont ses Collè gues de Russie et d’Autriche auraient à s’acquitter vis-à-vis du Gouver nement serbe, si leurs Gouvernemens respectifs donnaient suite à la pro position française.
Mais tout en prenant cette dernière résolution, le Gouvernement allemand ne se fait aucune illusion sur le peu de chances de succès qu’offrirait en ce moment une pareille démarche. L'Empereur et Roi s’était déjà prononcé dans ce sens vis-à-vis de Mr de Gontaut à Ems, tout en admettant en principe les ouvertures françaises.
Quant à la politique de non intervention, à laquelle le Gouverne ment allemand adhère complètement, Mr de Radowitz m’a confirmé, que l’Angleterre et l’Autriche l'admettaient également d'après les nou velles reçues à Berlin.
Le Comte Andrâssy avait primitivement énoncé l'opinion qu’il serait préférable d’accepter ce principe sans le proclamer d’une manière formelle, pour ménager l’ingérence diplomatique future des Puissances, que les évènemens subsequens (sic!) pourraient rendre nécessaire. Selon Mr de Radowitz, le Cabinet de Vienne n’aurait toutefois pas insisté sur cette manière de voir.
»Nous acceptons done,« observa-t-il finalement, »le principe de non intervention dans la phase actuelle de l’affaire. Mais il est possible que par la suite les Puissances jugent une entente ultérieure entr'elles nécessaire, — à mesure que les évènemens (sic!) se développeraient.«
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