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 Sire,
Le 11/23 Juin le Ministre des Affaires Etrangères d’Autriche m’ap­ porta sa réponse à mes communications de l’avant-veille.
En égard à l’importance du sujet, je soumets ses paroles à Votre Majesté Impériale aussi textuellement que possible.
»Je ne suis pas encore en mesure« — me dit-il, »de Vous donner une réponse définitive, car l’Empereur est à Ischl et je n’oseriais pas déranger Sa Majesté pour le peu de jours qu’Elle a à y passer. Je ne puis donc formuler qu’un avis personnel. La dépêche du Pœ Gortchacow au Cte Schouvalow et admirablement faite et je partage entièrement le point de vue qui y est émis qu’il eût mieux valu empêcher une décision par la force. Mais pour arriver à ce but, il aurait fallu imposer au Gouvernement Turc le mémoire de Berlin. Or c’est ce que les anglais n’ont pas voulu. Que nous reste-t-il à faire? J’avoue ne pas être d’avis qu’on doive actuellement changer de programme. Nous ne ferions, je le crains, que nous exposer par là à compromission à Constantinople. S’il a été impossible d’y faire accepter le moins qui est le mémoire; si la Porte a protesté préventivement contre les conclusions de cette pièce, — quelle chance aurions-nous de lui faire agréer le plus qui est l’autonomie des provinces insurgées avec des cadeaux en sus pour la Serbie et le Monténégro? Je pense que nous départir de la marche convenue en dernier lieu, c.a.d. (sic!) de notre attitude expectante vis-à-vis de l’initiative de Constantinople, serait une manière de reculer devant la position prise par les anglais (sic!) et de retirer notre programme sans avoir obtenu la garantie qu’ils pourront en faire passer un nouveau auprès des Turcs. Il me semble qu’il ne faut pas leur donner cette satisfaction«.
Passant ensuite à la question de fond: »je ne crois pas d’ailleurs, continua le Ministre, qu'en fait de solutions localisées on puisse en trouver une meilleure que celle contenue dans mes propositions du 30. Décembre et développée dans le mémoire de Berlin, c. à d. une autonomie
dont la pierre angulaire serait la commission mixte présidée par un Chrétien indigène. En allant plus loin, on se placerait sur la pente et l’on y glisserait de question en question jusqu’à celle d’Orient tout entière«.
Votre Majesté Impériale daignera Se souvenir qu’avant même l’entrevue de Berlin le système des autonomies tributaires et vassales pour la Bosnie et l’Herzégovine n’avait pas rencontré les suffrages du Ministre des Affaires Etrangères d’Autriche et qu’il m’a été impossible de le faire revenir sur cette conviction arrêtée.
Effleurant le sujet sans l’approfondir à de nouveaux frais, le C,e Andrâssy me fit observer que, placé aux premières loges pour suivre le mouvement Chrétien en Turquie, il avait acquis la certitude que parmi les populations insurgées il y en avait qui désiraient être annéxées au Monténégro, d’autres à la Serbie, les troisièmes à l’Autriche, mais qu’il ne croyait pas qu’il y en eût qui voulussent d’une autonomie tributaire.
Comment s’arrangerait-on d’ailleurs pour établir une Principauté vas­ sale en Bosnie, où le nombre des musulmans, comptant par centaines de mille, arrivait à un chiffre à peu près égal à celui des Chrétiens? Et en supposant que l’Herzégovine s’y prêtât davantage, quel tribut pourrait-on
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