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 nous assistons à une lutte résultant de l’antagonisme de la croix et du croissant et que l’Europe ne peut pas se désintéresser dans une cause chrétienne.
Lord Derby convint alors que si les représailles prenaient un caractère barbare, les Puissances auraient toujours le droit de s’inter­ poser.
Le Principal Secrétaire d’Etat m’assura, comme l’avait fait Mr Disraëli, que l’Angleterre ne voulait pas d’une politique d’isolement, qu’elle serait au contraire toute disposée à agir de concert avec les trois Cours du Nord; mais il aurait fallu pour cela que leur entente à elles soit réelle et non une entente de formes, c’est à dire un accord dans lequel chacun a gardé ses convictions opposées les unes aux autres. L’Angleterre a adhéré à la note Andrassy pour montrer son bon vouloir et tandis qu'elle n’en attendait rien de favorable; elle n’a pas adhéré au mémo­ randum de Berlin, car celui-ci n’était qu’un compromis et ne répondait pas même aux voeux de ceux qui le proposaient.
»Mais«, dis-je à Lord Derby, «si tout ce que l’on Vous a offert Vous semble mauvais; pourquoi ne faites-Vous pas de propositions meil­ leures?«
»Parceque ce n'est pas encore le moment«, me répondit mon inter­ locuteur, »commençons par laisser agir le Sultan; rien ne serait plus inop­ portun en ce moment qu’une ingérence des Puissances; attendons de trois à quatre semaines et si la Russie veut nous faire alors quelque proposition pratique, nous l’examinerons avec bon vouloir. Seulement attendons de trois à quatre semaines et laissons d’abord le Sultan tenter lui même la chance d’une pacification«.
Votre Majesté remarquera la différence qui existe entre le langage du Premier Ministre et celui du Principal Secrétaire d’Etat: le premier se montre disposé à examiner toute proposition dont la Russie se ferait l’organe sans subordonner cette examen à un laps de temps de trois à quatre semaines que Lord Derby voudrait voir s’écouler avant d’exercer sur la Porte une pression étrangère.
Je n’ai point caché à mes collègues d'Allemagne et d’Autriche les idées que le Principal Secrétaire d’Etat avait émises dans le cours de notre entretien. Je ne fis cependant aucune allusion au désir de Mr Disraëli et de Lord Derby de voir de préférence la Russie prendre en temps et lieu l’initiative d’une proposition nouvelle ayant pour objet la pacification de l’Orient.
АВПР, К-76, I.
Comte Schouvalof
202.
ИЗВЈЕШТАЈ ШУВАЛОВА ЦАРУ АЛЕКСАНДРУ II
Y вези c обавјештењем коje je стигло руском канцелару да je британска влада упутила неки политички или повјерљиви циркулар адмиралима — командантима британске флоте, Шувалов je имао раз­ говор с лордом Дербије.м, у чију лојалност нема разлога да сумња, и овај му je објаснио да су у том циркулару дата упутства адмиралима чији ратни бродови треба да се укотве у турским водама, гдје ће, без сумње, наићи на флоте других држава, да се придржавају уговора
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