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rités turques et les hostilités allaient recommencer en Herzégovine.
Les renseignemens (sic!) directs du Cabinet Impérial vous permet tront, Monsieur le Chancelier, de juger de l’exactitude des informations
de Sir H. Elliot.
J’ai trouvé hier Lord Odo Russell impressionné de l'Etat (sic!) de
la Turquie. Il est aggravé, à son sens, par trois motifs sérieux: l'état mental du Sultan sujet à caution, l'absence d’hommes d’état capables et la pénurie financière. Aussi voit-il en noir et se rend-il compte des dangers qui menacent l’Europe de ce côté.
L’attitude et les dispositions des Puissances par contre lui inspirent de la confiance. Personne ne veut de complications et une entente entre les différens (sic!) pouvoirs lui semble aujourd’hui possible.
Mais il prévoit la nécessité d’une occupation étrangère, c.à d. au trichienne, en vertu de cette entente. Il m’a confié qu’il ne cessait de l’écrire à Lord Derby dans ses lettres privées.
J’ai observé de mon côté que l’état de la Turquie semblait en effet grave, par suite de l’incurie et de l’apathie de ses Gorvememens (sic!) qui perdaient un tems (sic!) précieux au lieu de profiter des avantages qui leur avaient été ménagés; que le désintéressement et la loyauté des Puis sances étaient en effet de nature à faciliter une discussion amiable de ces difficultés; j’ai ajouté toutefois qu’une occupation étrangère n’en consti tuerait pas moins un fait grave.
Mon collègue Britannique releva que l’opinion publique n’y était au fond point contraire; que le Times et les journaux Allemands s’étaient même énoncés dans ce sens.
Je répondis que le Times avait fait tant de soubresauts et commis tant d’inconséquences dans ces questions que son opinion n’avait, à
mes yeux, qu’une valeur relative. N’avait-il pas également proposé l'établis sement de nouveaux Etats vassaux?
Quant aux journaux allemands ils n'avaient plus de portée depuis les déclarations du Prince de Bismarck sur la presse abandonnée à ces propres inspirations.
Un sourire sceptique de Lord Odo accompagna cette dernière observation.
Notre conversation porta sur le Chancelier Allemand, qui au dernier diner du Prince Royal avait été l’après diner passablement taciturne et visiblement impatient de lever la séance.
D’après mon interlocuteur, le Chancelier allemand s’occuperait presqu’exclusivement (sic!) aujourd’hui de la question des chemins de fer et préparerait un long discours pour l’ouverture des débats sur cette affaire.
J’ai émis l’opinion que cette question avait un caractère intérieur et qui ne présentait pas d’intérêt direct pour les Puissances étrangères.
Quelques mots sur la position difficile et presqu’intenable (sic!) de Mr Gontaut Biron, également attaqué par les journaux de France et d’Allemagne ont mis fin à cet entretien.
J’ai appris à cette occasion que mon collègue de France avait fait à Lord Odo Russell les mêmes suggestions qu’à moi; quant à une dé marche officielle au sujet de l’allusion du Reichs-Anzeiger aux relations du corps diplomatique avec la presse. Mais Lord Odo n’avait pas partagé
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