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 sous les ordres de Peiko Pavlovitch de nuance plus ou moins monté­ négrine. Le gros de ces forces est concentré dans les défilés de Piva et de Baniani. Le prêtre catholique, Moussitch, agit séparément du côté du district de Lubouchka, non loin de la frontière austro-hongroise.
Dans le Nord de la Bosnie une bande de 600. insurgés se dirigent vers Bihac de Drenova, Tiskovac et Troubar, entre l’Ouna et l’Ounatz.
Par mon télégramme secret en date du 4 de ce mois, j’ai déjà infor­ mé Votre Altesse que le Général Roditch s’était adressé au Prince Ni­ colas pour se ménager une entrevue avec les chefs insurgés et que ceux-ci, craignant de perdre leur (sic!) positions avantageuses, avaient demandé, pour entrer en pourparlers avec le Général, une suspension d’armes de dix jours. Le Prince du Monténégro offrait en même temps de fournir des vivres à Nikschitch pour la durée de cet armistice de fait. La Porte a été très embarassée de cette démarche. Si les révoltés refusent de traiter après l’adhésion de la Turquie aux conseils de la note du Comte Andrassy, on aurait pu, d'après elle, se passer de ces conseils et s’adresser directement à la Montagne Noire. Ne voulant ni accepter, ni refuser une suspension des hostilités, le Gouvernement central a déféré cette question à une entente entre le Général Roditch et Moukhtar Pacha.
Ainsi que je l’ai mandé à Votre Altesse dans mon télégramme secret en date du 5. courant, ies insurgés ont prévenu la Porte dans cette voie. Ils ont sollicité par écrit du Commandant en chef en Herzégovine la promesse de ne pas les attaquer pendant douze jours dans leurs fortes positions de Piva et de Baniani, afin de leur permettre de conférer avec le Gouverneur Général de Dalmatie. Sans accorder d’armistice formel, Moukhtar Pacha a répondu qu’il pourrait prendre cet engagement, mais à condition qu’une colonne irait ravitailler Nikschitch, approvisionné, comme Votre Altesse s’en souvient sans doute, par Réouf Pacha, seule­ ment jusqu’au lr Avril.
J’ai immédiatement exprimé aux Ministres Turcs la crainte que cette dernière clause n’entraînât la rupture des négociations. Les insurgés, en effet, consentiraient d’autant plus difficilement à laisser des troupes pénétrer dans leurs postes que celles-ci approvisionneraient Nikschitch pour longtemps tandis que le Prince Nicolas n'offrait de la faire que pour dix jours. Les chefs militaires turcs en Herzégovine n’inspirent d’ailleurs aucune confiance aux révoltés. Ces derniers accusent Selim Pacha d’avoir brûlé (sic!) plusieurs de leurs villages l’été dernier, pendant que leurs délégués négociaient avec Constan Effendi. Moukhtar Pacha passe, quoique les Turcs le nient, pour avoir fait égorger dans Tlernen plusieurs chefs Arabes quiil avait attiré (sic!) dans son camp.
Mon télégramme secret du 6. Mars Vous a déjà appris, mon Prince, que mes prévisions se sont malheureusement réalisées. Les bandes herzé- goviniennes paraissent s’opposer au ravitaillement de Nikschitch. Moukhtar Pacha marche contre celles de Gatzko à la tête de onze batail­ lons. Une rencontre sérieuse semble imminente, à moins que les Chefs des révoltés ne préfèrent attaquer les Turcs à leur retour. — Les in­ surgés, s'ils battent les troupes Ottomanes, ne voudront plus entendre parler de soumission. L’élan qu’il prendront pourra placer le Prince Nicolas dans une situation fort délicate. Si Moukhtar Pacha reste victo­
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