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 amis des Ministres l’espéraient. Il rejette nottamment sur l’administra­ tion d’Aali et de Fuad Pachas les difficultés actuelles du Trésor Ottoman et ne semble pas Se rendre suffisamment compte des embarras inex­ tricables créés par les derniers arrangements financiers de Тех Grand- -Vézir.
A la suite de mes explications tranquillisantes relativement à la Serbie et au Monténégro, Sa Majesté me dit qu’Elle retiendrait à Constan­ tinople 8 des 28 bataillons de rédifs asiatiques dernièrement mobilisés, que deux bataillons seulement iraient rejoindre les deux autres, qu’on venait d’expédier à Klek, et que le reste serait maintenu sur les lieux en province pour ne pas enlever trop de bras à l’ensemencement des champs et aux travaux d’agriculture de la saison. Je félicitais sincère­ ment le Sultan de cette déoision en faisant ressortir combien il impor­ tait de ne pas épuiser les forces du pays par des appels d'hommes exces­ sifs et de ne pas diminuer de cette façon le rendement des impôts.
Dès que la conversation tomba sur l’insurrection en Herzégovine Abdul Aziz S'empressa de me déclarer qu’il ne craignait ni la Montagne Noire ni la Serbie. 50 à 60 bataillons suffiraient, d’après Lui, pour écraser, le cas échéant, ces deux Principautés réunies. J’essayai, mais vainement, de le faire revenir de cette impression. Il ne me cacha pas Son vif mécontentement contre le Monténégro. La Serbie, Il le constata, n’of­ frait pas en ce moment de griefs sérieux. Mais si la Montagne Noire n’était pas attaquée par la Turquie elle ne le devait qu’à la déférence de celle-ci envers les Puissances et à la crainte des complications exté- rieures. Les troupes turques d’ailleurs se tenaient, sur la défensive même vis-à-vis des insurgés qui interceptaient les convois, empêchaient le ravitaillement des forts et obligeaient de livrer des combats pour les repousser.
Sa Majesté s’étant plaint des moeurs turbulentes des Monténégrins en général, je saisis cette occasion de Lui rappeler que le Monténégro n'avait ni champs à ensemencer, ni pâturages (sic!) pour ses troupeaux en quantité suffisante. J’en déduisit la nécessité pratique de faire de sages concessions pour donner aux Monténégrins le moyen de mener une vie plus douce et plus tranquille.
Votre Altesse jugera Elle même par le curieux récit que le Sultan me fit de Son entrevue avec le Prince Nicolas en 1867 à Paris, de Ses sentiments à l’égard de ce dernier. »Fuad Pacha, me dit-il, nous servait d’interprète. Il paraît que ce jeune homme (le Prince) ne comprenait pas la gravité de ce qu’il disait. Il me demandait, comme prix de nos bons rapports à venir d’agrandir le Monténégro au dépens de la Turquie et de lui céder par exemple une bonne partie de l’Herzégovine depuis Nikschitch (y compris ce point) jusqu’à Kolaschine d’un côté et jusqu’à Piva de l’autre. Le Kniez me demandait en même temps la permission de venir me voir à Constantinople. Je compris que la conversation pre­ nait une tournure impossible et je dis à Fuad Pacha: débarasse-moi de sa visite à Constantinople, car s’il me fait des propositions pareilles à Paris, que ne me demandera-t-iil pas chez moi où je me trouverai lié vis-à-vis de lui par les devoirs d’hospitalité!«
Ce langage indique suffisamment les difficultés avec lesquels les Ministres Ottomans auront à lutter s’ils s'ouvrent à leur Maître au sujet
11 Русија и босанско-херцеговачки уставах II
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