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 la crise aigüe provoquée par la récente démarche Européenne pour ne pas alimenter, par le bruit qui se serait fait autour de mon audience, le tapage indiscret des journaux. Les Ministres Ottomans d’aiüeurs m’avaient prié de garder, pour un moment favorable l’occasion de m’en­ tretenir directement avec leur Souverain.
Il m’importait actuellement, mon Prince, de constater l’état de santé du Sultan, au sujet duquel on faisait circuler les renseignements les plus contradictoires, de m’assurer de la stabilité du Ministère et de calmer les appréhensions de Sa Majesté, qui commençaient (sic!) de nouveau à renaître quant à l’action pacificatrice des Puissances.
Le Sultan se montrait impatient de ce que l’adhésion de la Porte aux conseils des Cabinets n’avait pas eu pour conséquence immédiate l’apaisement complet de l’insurrection en Herzégovine et recommençait (sic!) à témoigner de la froideur au Grand Vézir. Il intervenait dans les affaires en donnant des ordres militaires importants. Chaque mouve­ ment des troupes turques, d’autre part, pouvait amener des compli­ cations dangereuses avec la Serbie en présence de la fermentation qui régnait à Belgrade. Le prochain retour de Hussein Avni Pacha à Constan­ tinople était déjà préconisé. Enfin le 1er Secrétaire du Sultan, ayant rencontré notre 1er Drogman, lui avait donné à entendre que les 28 bataillons de rédifs récemment mobilisés en Asie étaient destinés à former un corps d’observation sur la frontière Monténégrine du côté de Scutari, pour écraser au besoin, selon son expression, ce »foyer« de la révolte herzégovinienne.
Les Ministres turcs n’étaient pas fâchés (sic!) de sonder leur Maître par mon entremise pour s’assurer jusqu’à quel point ils pourraient compter sur Son approbation des ouvertures indirectes faites en dernier lieu au Prince Nicolas en vue de son concours à la pacification des pro­ vinces insurgées. Le Comte Zichy et le Baron de Werther auxquels j’avais fait part d’avance de mon intention de solliciter une audience, m’encourageaient beaucoup à donner à cette occasion un coup d’épaule aux hommes d’Etats (sic!) dirigeants auprès de leur Souverain.
Le Sultan me fit un accueil plein de déférence et d’empressement. Mon audience dura près d’une heure et demie.
Je trouvai Abdul-Aziz sensiblement vieilli. Son teint était brouillé, Son élocution difficile et indistincte par suite de la perte d’une partie de la denture. Cependant Sa conversation était vive et animée. Malgré une certaine raideur qui perçait dès que la conversation devenait séri­ euse, Il me congédia gracieusement, le sourire aux lèvres.
Sa Majesté me pria d’abord de déposer aux pieds de notre Auguste Maître l’expression de Sa respectueuse amitié et de la part sincère qu' Elle prenait toujours aux joies comme aux deuils de la Famille Impé­ riale. Elle me renouvela ensuite l’assurance qu’Elle n’avait pas oublié Son iradé relatif aux réformes et qu’Elle veillerait à l’exécution des promesses contenues dans les derniers fermans.
Le Ministère me parut pour le moment raffermi dans l’esprit de Sa Majesté. J ene négligeais rien pour e consolider encore davantage. Le Sultan fit Lui-même l’éloge de Mahmoud Pacha en appuyant surtout sur la fidèle exécution de Ses ordres par le Grand-Vézrir. Je ne L’ai pas trouvé d'autre part aussi prévenu contre Hussein Avni Pacha que les
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