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 Monsieur le Chancelier,
M’inspirant des lettres de Votre Altesse, qui me sont parvenues depuis que le port d’Odessa est dégélé, je ne cesse de presser les Mi­ nistres Ottomans relativement à l’exécution des réformes promises et de leur expliquer la nécessité, si non d’un armistice, au moins d’une suspension de fait de la lutte en Herzégovine.
J’ai attiré, entre autres, l’attention du Grand Vézir et de Rachid Pacha sur le danger des conflits possibles entre Aly-Pacha, Wassa-Ef- fendi et Mouhtar-Pacha, Commandant en chef des troupes à Mostar, ainsi que sur les entraves indirectes que les autorités militaires, en gé­ néral, opposeraient peut-être au rapatriement des familles émigrées. Les deux Ministres dirigeants ont reconnu la justesse de mes obser­ vations. Ils s'occupent des instructions à donner à cet égard à Wassa- Effendi et Aly-Pacha. Ce dernier est revêtu des pleins pouvoirs de la Porte, en qualité de Principal Commissaire et de Valy. Le Grand Vézir a télégraphié à Mouhtar-Pacha pour le rendre personnellement respon­ sable de tout conflit de nature a exercer une influence fâcheuse (sic!) sur le retour des réfugiés rappelés dans leurs foyers et à raviver la lutte.
Mahmoud-Pacha m’a fait observer, non sans raison, qu’il ne s’agis­ sait pas pour le moment d'attaquer les insurgés. Les troupes Ottomanes se contentent d’assurer leurs lignes d’approvisionnement. »Nous n’irons certes pas, a-t-il ajouté, — chercher les Herzégoviniens dans leurs mon­ tagnes, s’ils n’essaient pas d’affamer l'armée en s’en prenant à ses convois de provisions«.
Rachid-Pacha a promis au Comte Zichy de donner par écrit le consentement de la Porte aux concessions que ГAutriche-Hongrie exige en faveur de la rentrée des familles réfugiées en Dalmatie et que j’ai exposées dans mon rapport sub No 56. Cette question est soumise au Conseil des Ministres. Le Gorvemement Ottoman espère que les fa­ milles retirées au Monténégro pourront revenir dans leurs foyers aux mêmes conditions. Aly-Pacha a déjà reçu l’ordre de sonder à cet effet le terrain à Cettigné. Cependant le Trésor (sic!) Ottoman manque de l'argent nécessaire pour procéder à la distribution des secours indispen­ sables aux familles rapatriées. Cette circonstance empêche Wassa-Effendi, de se rend e immédiatement sur les lieux et de partir Samedi comme la Porte le souhaiterait.
Quant au Monténégro spécialement, il me semble difficile, Monsieur le Chancelier, de faire à la Porte des ouvertures directes relativement à l’offre du Prince Nicolas de concentrer dans le district de Baniani ou dans celui de Piva les bandes insurgées pour traiter avec elles. Cette proposition ne servirait qu’à compromettre le Prince, en constatant aux yeux du Sultan et de l’Europe sa participation indirecte à l’insurrection et son influence prépondérante sur ses chefs. Je suis donc forcé de garder le silence à se sujet pour ne pas compliquer les relations entre la Montagne Noire et la Turquie. Je continue cependant à prêcher aux Ministres Turcs la nécessité d’une entente directe avec le Monténégro. Mahmoud et Rachid Pachas sont personnellement disposés à entrer dans cet ordre d’idées, mais ils allèguent, très justement, qu’il leur faudrait pouvoir s’appuyer sur un résultat favorable des concessions déjà faites
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